Les enseignants laissent des traces dans les esprits des étudiants, l’inverse est aussi vrai. Aucune activité ne se fait sans laisser de trace : une rayure, une présence ténue, un reste, un souvenir, une impression… Un effet est produit, un comportement a changé, l'ambiance s'est transformée ou peut-être aussi que tout est disparu dans un marais d'indifférence; pas de trace, pas d’influence.
Dans le monde numérique, les étudiants laissent des traces difficiles à effacer tant elles sont dupliquées et stockées dans de multiples lieux; quand elles sont dans le milieu éducatif, elles deviennent des «learning analytics» sur lesquelles se penchent les enseignants et les concepteurs, comme le font ailleurs les pro du marketing, pour d’autres fins.
Les traces peuvent aussi porter l’empreinte de nos émotions et de nos idées. Les journaux intimes les recueillent et nous les retournent comme des reflets intemporels. Les murs des maisons comme ceux qui les ont habités portent aussi les traces des événements passés. On reconstitue même l’histoire de civilisations disparues à partir de leurs ruines, de leur art et de leurs écritures. Plus on apprend à les lire et à les lier entre elles, meilleure est notre capacité de reconstitution. Ceci s’étend jusqu’aux codes génétiques dont nous transportons l’histoire depuis les débuts de la vie.
On ne sera sans doute jamais capable de lire le contenu d’une mémoire flash écrabouillée, mais ce sont les transformations induites par son utilisation qui seront les véritables traces de son influence; en somme, ce qui demeure intéressant, ce sont les relations qu’illustrent les traces. Nous laissons tous des marques et ce quelles diront de nous sera sujet à interprétation dans de nouveaux contextes. Les traces revivent à travers nous et la lecture que nous faisons caractérise en bonne partie notre niveau de conscience et de sagesse.
Bonne lecture
Denys Lamontagne - [email protected]
