Dossiers de la semaine

Mer de données

Même si l’énoncé de la situation en pétaoctets nous parait un peu irréel, nous pouvons quand même comprendre que beaucoup de données sont produites autour de nous. La réalité est que des institutions comme des banques, des compagnies de téléphone, des agences de surveillance, des services et des sites internet compilent des données sur nous sans qu’on en soit véritablement conscient, RGPD* ou pas. On profite de leurs services et ça nous suffit.

S’ajoutent à ces données celles des millions de capteurs et d’appareils connectés et, surtout, celles que nous distribuons allègrement par nos photos, vidéos, courriels, documents et qui nous racontent en détail. Ce sont ces données non-structurées, celles qui ne sont pas dans des cases comme «nom» «date de naissance» «adresse» «couleur des yeux» «no de carte bancaire».  Ces données non-structurées font le délice des analystes de données. À partir du moment où une intelligence artificielle est capable d’en identifier des caractéristiques et de les qualifier, le traitement de quantités réellement astronomiques de données devient possible, peu importe s’il s’agit de photos, des vidéos, d’enregistrements sonores ou de texte. De là on peut en tirer des conclusions qui feraient l’envie de devins.

Ce qui peut-être fait ou non avec nos données est actuellement en débat. À mesure que la puissance de prédiction augmentera, plus les questions éthiques se poseront. Tous les individus nés après l’an 2000 sont monitorés quasi en permanence, depuis leur premières photos de bébé jusqu’à leur premier emploi. On sait s’ils ont des tatouages, qui ils ont fréquenté, dans quoi ils ont étudié, ce qu’ils consomment et on peut probablement déduire pour qui ils ont voté. On pourra vraisemblablement bientôt prédire avec un haut taux d’exactitude le parcours professionnel ou les problèmes de santé de tous ceux qui les suivront et aussi de quoi ils auront l’air à 70 ans.

Reste à savoir si nous écouterons les conseils qui en découleront. Se faire orienter par une I.A. à 16 ans, probablement avec justesse, laisse quand même une curieuse impression. Si elle nous dit «Tu seras heureux dans ce domaine», ça peut aussi sonner comme «C’est pour mieux te croquer mon enfant». Au service de qui travaillons nous vraiment ? Le bien être commun peut-être à la base de nos décisions, y compris celui de l’environnement, équilibré par celui des individus et alimenté par notre imagination et nos ambitions d’un futur bien vivant. Il peut aussi être orienté autrement, pour la préservation d’une idéologie ou d’un privilège par exemple. Saurons-nous opérer adéquatement ces nouveaux outils ? Saurons-nous naviguer sur cette mer de données et arriver à bon port ?  Tout dépend de qui sont ceux à la barre; on a intérêt à apprendre rapidement..

*RGPD - Règlement général sur la protection des données

Denys Lamontagne - [email protected]

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