Le voyageur rapporte de ses voyages des souvenirs, croquis, photos, enregistrements, sous une forme ou une autre. Une carte du territoire, des repères remarquables, des contacts, des savoirs qu’il peut communiquer. Les quelques artéfacts qu’il exhibe, sortis de leur contexte, n’ont généralement qu’une valeur toute relative. Même la dent de requin est questionnée. Pythéas a eu toutes les misères du monde à convaincre ses contemporains de ce qu’il avait vu dans les contrées nordiques.
Quand on s’aventure dans ce que l’on ne connait pas, on interprète et communique ce que l’on découvre à partir de ce que l’on connaît et, de ce fait, on peut conclure beaucoup d’âneries. Aussi la circonspection est la meilleure stratégie. Kamerlingh Onnes, le chercheur en cryogénie, avait pour devise «La connaissance par la mesure». Ce principe amène à comprendre ce que l’on observe non pas à partir de son point de vue et de ses biais, mais à partir de références partagées : les unités de mesure. À peu près toutes les sciences, de la physique à la génétique, sont tributaires de ce principe de mesure, de l’utilisation d’un système de référence qui ne soit pas subjectif.
Partir à la découverte nous appelle à beaucoup d’humilité, d’ouverture et de rigueur si nous aspirons à réellement découvrir quelque chose; dès lors, ce que l’on observera aura tout le potentiel de transformer notre vision et notre compréhension. Il y a 200 ans, la découverte d’un crâne de dinosaure a mis à mal bien des croyances. Celles de molécules biologiques dans des météorites, de virus dans le sang, de l’énergie dans la matière, de trous noirs, ne cessent de transformer notre compréhension du monde. Finalement, partir à la découverte de l’autre nous amène à la rencontre de nous même, de nos philosophies, de nos manières de vivre; mais pour cela, il faut d'abord se préparer à partir, à s’aventurer, à quitter ce que l’on connait et à abandonner la rassurante torpeur du quotidien.
Bonnes découvertes
Denys Lamontagne - [email protected]