Pendant 17 siècles le phare d’Alexandrie a guidé les bateaux en Méditerranée; même si on ne pouvait l’apercevoir que de 50 km, sa renommée s’étendait bien au delà. Ce point de référence orientait les bateaux mais aussi les esprits. Une direction, un point de repère, une balise offrent tous la possibilité de nous situer; en leur absence, on ignore où l’on est et où l’on va.
Dans les récits de gens perdus en forêt, dans le brouillard ou dans le désert, on trouve plusieurs points communs, dont la confusion et l’errance qui se traduit par très peu d’éloignement malgré une activité fébrile; s'en suivent un épuisement et un égarement mental tel qu’un sauveteur ne sera souvent même pas reconnu ou que des décisions idiotes seront poursuivies jusqu'au désespoir...
L’invention de la boussole a changé la donne : même si elle n’offre qu’une direction, elle a ouvert l’exploration car elle empêche l’errance. On est certain de finalement arriver quelque part qui n’est pas notre point de départ.
Dans le monde de l’orientation professionnelle, tous ces phénomènes sont observés. Des points de repères, des valeurs comme direction, des buts progressifs comme autant de balises sont des éléments d’orientation recherchés. Mais en cette ère de confusion et de «disruption», les points de repères reconnus disparaissent comme le phare d’Alexandrie, finalement abattu par une série de tremblements de terre. À la différence de cette époque révolue, nous avons maintenant des outils plus proches du GPS que de la boussole ou du phare pour s’orienter. Une nouvelle considération universelle s’impose : celle de l’environnement et elle peut servir de point de référence fondamental, avec peu de risques de se tromper. Des outils de grande portée sont à notre disposition, nous aurons à nous en servir; il ne nous reste qu’à mobiliser notre imagination pour créer ce monde dans lequel les individus pourront se réaliser dans toute leur diversité. Nous en aurons besoin.
Denys Lamontagne - [email protected]
