Il n’y a pas si longtemps, l’un des éléments d’information le plus précieux que nous détenions était notre carnet d’adresses. Lentement constitué, il comprenait aussi bien les coordonnées des amis, parents et compagnons de travail que les contacts plus utilitaires des marchands et services locaux. Pour une entreprise, ses listes de clients et fournisseurs étaient tout aussi stratégiques. Dans les deux cas, il s’agissait d’un document éminemment important qui représentait notre réseau social.
D’artisanal, notre carnet d’adresse a été «industrialisé», un meilleur terme serait «intermédiarisé», et ses possibilités décuplées. Les affinités et utilités potentielles qu’il contient trouvent maintenant moyen d’être mises à contribution en temps réel : partage d’information, de suggestions, d’émotions, de connaissances, de requêtes, de réponses, d’occasions à ne pas manquer, de souvenirs …
En mettant les carnets d’adresses de chacun en réseau, l’«intermédiaire» en augmente sa valeur : chaque nom inscrit dans un carnet le lie au propriétaire du carnet; chaque nom se retrouvant dans plusieurs carnets constitue un noeud et son importance relative s’apprécie. Ainsi le réseau devient-il un service supérieur au carnet d’adresse et est capable de tracer des regroupements par affinité, intérêts ou par n’importe quel critère qu’il pourra déterminer.
De là la profondeur de la modification de nos comportements et de nos organisations. Cet objet d’information précieux qu’était notre carnet d’adresses a été porté à une autre échelle d’utilité et nous commençons à peine à en mesurer les conséquences. Le monde de l’éducation peut en tirer profit bien mieux qu’il le fait actuellement. En fait, il se pourrait bien que l’organisation même de l’éducation en soit transformée, pour peu que nous comprenions comment s’y insérer. Chaque institution a tout un carnet d’adresses !
Bonne semaine à tous nos amis !
Denys Lamontagne - [email protected]
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