Chacune de nos interactions laisse une trace et ces traces peuvent être enregistrées et analysées. Maintenant, dès que l’on entre en rapport avec un système d’apprentissage, la gestion de la formation devient continue; nous n’avons pas à nous rapporter. Avec un effet paradoxal : en cherchant à individualiser la formation on assiste à une dépersonnalisation systématique, à une objectivisation de l’apprenant.
La médiation de l’apprentissage suscite en retour un besoin de contacts humains non-objectivés, spontanés. On reconnaît que le succès des systèmes de formation tient plus aux aspects humains qu'aux éléments techniques, maintenant mieux maîtrisés.
Du coté des enseignants et des administrateurs, le flux continu de données remplace en bonne partie l’observation directe. Les données sur l’assiduité ne communiquent pas l'odeur de la classe ni son ambiance. On rencontre parfois des administrateurs hyper-branchés mais pratiquement déconnectés de la réalité concrète que vivent les enseignants et les étudiants.
À distance, en présence virtuelle ou en présence réelle, la qualité de l’expérience humaine est ce qui transforme. La gestion de la formation tourne autour de ce défi qui consiste à intégrer connaissances, interactions et émotions en une expérience acceptable pour chaque individu. Tenter de tout gérer dans le poursuite d’un idéal standardisé transforme inéluctablement l’idéal en cauchemar, comme pour des joueurs complètement accros. L’art de la gestion consiste à s’occuper de ce qui se passe; en éducation s’il s’agit d’étudiants heureux d’apprendre, d’enseignants impliqués et de finissants confiants en l'avenir et en leurs capacités, alors tout va bien.
Bonne lecture
Denys Lamontagne - [email protected]
