Avec presque rien, certains professeurs nous enseignent ce qui nous servira toute la vie et nous transportent au delà de notre ignorance. Quand il n’y a plus d’attentes, on peut reconnaître là où on est et partir de ce que l’on a. Avec presque rien, certains parviennent à faire le tour de la terre alors que d'autres manqueront toujours de quelque chose pour simplement faire le premier pas.
La compréhension n’a rien de matériel mais ce dont elle traite l’est souvent. Le test de la réalité confirme ce qui est présenté. On ne peut pas se passer totalement du matériel; les mots, les «x» et les «y» ont leur limites, mais on peut utiliser métaphoriquement du matériel simple et s’approcher de la réalité sans pourtant la posséder. «Faisons comme si» est l’un des moyens de travailler avec presque rien. Faisons comme si ces pailles étaient des poutres et construisons un pont; faisons comme si nous étions à l’ONU et discutons de cette situation.
Dans un monde de plus en plus complexe, il est illusoire de penser que l’éducation pourra s’offrir toutes les technologies dans tous les domaines. Comparativement à nous, nos ancêtres n’avaient «presque rien» et pourtant réussissaient souvent à transcender les limites matérielles. Ce n’est pas de prétendre qu’il faille retourner au dénuement, mais trop «d’avoir» nous accapare et obstrue parfois la route. La simplicité est toujours plus facile à comprendre.
À coup de créativité et de collaboration, il semble que la satisfaction d’enseigner et d’apprendre soit au rendez-vous, même si les conditions matérielles ne sont pas idéales. On peut toujours essayer.
Denys Lamontagne
Illustration : Nizar Ali Badr - J'accepte vos mains, vous êtes ceux qui ont le plus précieux pour protéger la Syrie.
