Au début d’une formation d’accompagnateurs à vélo, j’avais demandé aux participants de dessiner leur vision d’une bicyclette. Certains dessins comportaient à peu près toutes les caractéristiques exactes d’une bicyclette : rayons croisés, cintre de fourche, dérailleur, potence, guidon, etc., alors que d’autres ne ressemblaient même pas à un vélo fonctionnel. Certains dessins incluaient une personne, d’autres des bagages ou un paysage et même d’autres vélos... différentes personnes offraient de très différentes visions.
Au fil des jours nous avons appris à connaître les participants pour apprendre que l'un s’était fait voler son vélo quelques jours avant d’arriver, qu'un autre était mécanicien, nous avons bien vu qui était «social» ou planificateur, etc. Dans tous les cas, on pouvait non seulement attribuer précisément le dessin à qui l’avait fait mais on pouvait aussi mesurer les changements de perceptions entre le dessin de départ et celui de la fin du stage.
Sans égard au talent, celui qui dessine illustre les relations qu’il conçoit. Meilleure est sa vision, plus son dessin sera clair et tout ce qui sera incohérent dans son esprit lui donnera des difficultés. D’où la puissance du dessin comme outil pédagogique pour celui qui dessine.
Pour ceux qui regardent, le dessin pédagogique sert autant durant un processus d’explication ou d’élaboration que comme sommaire final. Le dessin peut inspirer ou mettre en contexte rapidement. Il peut être le moyen de pénétrer la sphère esthétique ou philosophique. On a pas toujours besoin d’un dessin pour comprendre, mais le plus souvent ça aide, ça aère, ça change le point de vue, ça libère... et ça ne coûte rien ou presque : on peut dessiner sur du sable, de l’ardoise, du papier aussi bien que sur une tablette électronique. On peut même dessiner les concepts les plus abstraits, l’imagination est notre seule limite.
Tenter de dessiner le bonheur peut nous amener très loin; essayons, juste pour voir.
Denys Lamontagne
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