Dossiers de la semaine

Anxiété / Apaisement

Connectés au réseau, nous sommes dès lors mis «sous tension», alertés à tout propos et à différents niveaux. Sur ce bruit de fond généralisé, les médias appliquent leurs recettes pour se démarquer avec toujours plus de spectaculaire, d'urgent et de superlatifs.

Avant même de partir à l'école les enfants sont «sensibilisés» aux prédateurs, chauffards, terroristes, arnaqueurs, harceleurs qu'ils pourraient rencontrer.  Ils devront aussi affronter de la pollution, de la fumée secondaire, des bactéries, du pollen, un facteur de refroidissement, des rayons ultraviolets et même des radio-fréquences. Rendus à l'école, ils devront se méfier de l'amiante, des moisissures, de l'eau du robinet, des émanations de solvants ou de radon. Leur comportement non-conforme peut aussi être en cause : pas de casque de vélo, pas de ceinture de sécurité, pas d'exercice, trop de jeux vidéos. On ajoute les dangers sanitaires comme la grippe, le zika, l'hépatite, l'herpès, les poux, ou alimentaires, additifs, pesticides, salmonellose, malbouffe... enfin, ils doivent aussi protéger leur identité. Et si ce n'est pas suffisant, les dangers imaginaires se mettent aussi de la partie : zombies, fantômes et vampires menacent. Peut-être ne sont-ils pas si imaginaires, juste des métaphores de robots, d'algorithmes ou de cliques corporatives. Et avec ça on leur demande de réussir, d'être performants et de demeurer détendus malgré des exigences scolaires «capitales» dans leur cheminement. Y aurait-il un complot ?

On sait que l'anxiété, avec l'ennui, est une des deux balises entre lesquelles l'apprentissage peut se réaliser. Or il appert que l'anxiété est devenue un problème dans plusieurs institutions éducatives. On sait aussi que la rationalité n'a presque aucun effet sur une personne angoissée, qui réagit endocriniennement bien avant de réfléchir. Dire à une personne que ses chances statistiques de mourir dans un attentat sont cent fois inférieures à celles de gagner le super lot à la loterie nationale ne l'apaisera pas une seconde si on vient de lui montrer des victimes d'un attentat.

La seule réponse efficace connue et générique contre l'anxiété est d'augmenter les aptitudes à répondre aux facteurs d'angoisse. Des aptitudes sociales, physiques, intellectuelles, émotives, techniques, financières, peuvent être développées.  En fait c'est l'individu lui-même qui découvrira de quelles aptitudes il aurait besoin pour retrouver son pouvoir d'initiative et une attitude non plus angoissée, défensive ou agressive mais constructive, collaborative, créative et positive. Développer les aptitudes est la meilleure façon d'en arriver à un environnement apaisé, où l'on pourra apprendre à l'aise et viser des buts inspirants, bien au delà de la survie.

Voilà l'objectif.

Denys Lamontagne - [email protected]
Éditeur de Thot Cursus

Illustration :  Bessi - Pixabay

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