Parmi les caractéristiques des précurseurs, l'entêtement figure en bonne place. Pas un n'a été épargné par l'opposition active, l'inertie passive, la marginalisation, le scepticisme.
La plupart des idées concernant l'école répondent à celles aux fondements de la société elle-même. La mixité et la laïcité n'ont pas toujours été les bienvenues. L'autonomisation des élèves a toujours été en conflit avec les conceptions hiérarchiques de l'autorité. Participer à l'organisation n'a rien à voir avec la soumission aux exigences du maître et de l'école, ce qui ne prépare pas à la soumission au patron et à l'entreprise.
Le plaisir d'apprendre a surtout été considéré comme suspect, pour ne pas dire immoral. Il formerait des êtres indolents, jouisseurs et paresseux. C'est oublier qu'apprendre n'est pas un processus passif et qu'il exige mobilisation et implication, à des années-lumières de l'apprentissage imposé, déconnecté et forcément peu plaisant. Le plaisir n'a pas souvent été considéré comme une valeur «productive» et pourtant il n'est pas incompatible ! Heureusement le monde change.
Aujourd'hui, les percées scientifiques et la diffusion des résultats dans le domaine de l'éducation viennent appuyer les prétentions de plusieurs des pédagogues qui nous ont précédé. L'apprentissage est surtout une question d'intérêt et de participation. Parfois les idées prennent des générations avant de s'imposer. En éducation, plusieurs sont en bonne voie d'y parvenir.
Cette édition propose de découvrir des précurseurs, contemporains ou anciens, des gens qui nous invitent à remettre en question nos idées, même les meilleures. Notre environnement change, nous le transformons. Nous avons aussi le pouvoir de transformer nos idées.
Denys Lamontagne - [email protected]
Éditeur de Thot Cursus
