La première numérisation fut probablement économique. Attribuer une valeur virtuelle à un élément réel, pierres ou coquillages rares, rappelait les promesses répétées et les dettes accumulées.
Ce qui était nouveau avec cette monnaie symbolique est qu'il était possible de se la transmettre de l'un à l'autre. Elle gardait sa valeur mais seulement tant que ses qualités originales étaient préservées. Pour contourner ce problème, on a adopté des monnaies métalliques qui possédaient une valeur en soi : or, argent, cuivre représentent une certaine somme de travail, comme les calculs à faire pour obtenir un bitcoin, mais là s'arrête l'analogie. Sans réseau, le bitcoin ne se transige pas.
Depuis on s'est mis à tout numériser : le temps que l'on facture, l'espace que l'on occupe, l'énergie que l'on consomme, l'information que l'on communique, les risques que l'on prend; tout y passe, même nos gênes ou notre attention. Autant dire que l'économie suscite beaucoup d'intérêt et devient un terrain de jeu qui s'apparente parfois à une jungle.
Les tentatives de civiliser l'économie ont été nombreuses et les théories se sont succédées, certaines mécanistes (libre marché, communisme), d'autres plus sociales (ESS, libéralisme, circulaire), chacune apportant des éléments permettant de mieux contrôler la dynamique économique.
Mais même le meilleur système économique peut être enrayé par la malversation. Indépendamment du système, à peu près toutes les crises économiques sont associées à des excès spéculatifs, à des fraudes ou à des guerres, trois façons de prendre beaucoup et de donner peu, trois façons d'obtenir un bilan négatif. La richesse est associée à la création et la confiance. Favoriser et développer ces dispositions positives fait partie du rôle de l'éducation. L'éducation d'une population est effectivement considérée comme une valeur économique.
Denys Lamontagne - [email protected]
Éditeur de Thot Cursus
Illustration : chungking - ShutterStock
