On admire les héros qui, avec courage, mettent leur force et leur intelligence au service d'un idéal en apparence inatteignable. S'ils l'atteignent en dépit de tout, ils méritent dès lors leur statut.
En dessous du héros, on trouve le génie, qui, avec persévérance, met sa force et son intelligence à la poursuite d'un but dont il est souvent le seul à en saisir l'importance.
Quand Mendel a formulé ses «Lois de la génétique» en 1865, après une décennie de travaux minutieux, peu de gens ont saisi la pertinence de ses travaux. Ce n'est que 35 ans plus tard qu'on a commencé à en mesurer la portée. Lui, il était mort depuis longtemps, dans l'indifférence de ses contemporains. Le prestige intellectuel qu'il aurait pu obtenir était lié à la reconnaissance de l'utilité et de l'importance de ses recherches.
Ce n'est qu'un exemple, mais on peut en citer des dizaines d'autres comme Daniel Shechtman, prix Nobel de chimie en 2011, pour la découverte des quasi-cristaux qu'il avait fait en... 1982. On aura mis 29 ans pour changer nos conceptions et admettre l'existence de ce mode d'organisation de la matière.
Le prestige intellectuel ne s'acquiert apparemment que par la reconnaissance de ce qui a été énoncé, par l'attention que nous lui accordons. Jean-Paul Sarte a construit sa renommée sur l'existentialisme; Marx sur le communisme, Einstein, Darwin, Turing, etc...pour chacun, sa renommée s'est corrélée à la popularité de ses idées applicables et qui au départ semblaient complètement irréelles. Un espace compressible ? Allons donc !
Nous ne sommes pas tous des génies, mais tous nous pouvons obtenir un certain prestige intellectuel dans la mesure où nos idées sont mises en oeuvre et qu'elles fonctionnent. Dans cette édition vous trouverez des exemples et des pratiques pour faire avancer les idées. Le prestige intellectuel, ça se mérite !
Denys Lamontagne - [email protected]
Éditeur de Thot Cursus
Illustration : Fabio Berti - ShutterStock
