Dans un monde de nouveauté, le classicisme parait suranné; pour intéressants et inspirants qu'ils soient, les classiques sont du passé.
Le nouveau n'est pas classique... mais la plupart des classiques d'aujourd'hui ont été considérés au départ comme des nouveautés dérangeantes, des hérésies ou des provocations.
Une oeuvre dont le principe demeure vivant devient un classique avec le temps. À chacune des branches des arbres de la connaissance, on devrait trouver un classique, une oeuvre qui a eu de l'influence. L'Art de la guerre pour un soldat, la théorie des couleurs pour un peintre, la gravitation universelle pour un physicien, Le petit Chaperon rouge pour les enfants, les parents et enseignants, etc. Bref, un classique est une vieille nouveauté qui a fourni une explication, un cadre, une référence à un art, une science, une profession ou à un comportement. Ce sont les praticiens, les utilisateurs, ceux qui en maintiennent l'intérêt qui finalement déterminent le «classique».
Intéresser les jeunes aux classiques ? Aux vieux trucs du passé écrits dans un style impossible ? Rien n'interdit d'adapter les classiques au goût du jour, plusieurs en font presqu'un métier.
En préparant ce dossier, nous avons bien sur rencontré les classiques de la littérature et quelques autres, mais nous avons aussi redécouvert la pédagogie «classique» et, surprise, ses fondements nous ont semblé de la plus grande actualité. Que le système éducatif s'adapte aussi bien aux technologies et à la mondialisation tient paradoxalement à la vigueur de ses principes fondateurs.
Ceux qui créent des classiques sont des passionnés, des persévérants, souvent des extravertis, mais aucun ne s'est économisé à la tâche et la plupart, sinon tous, ont démontré une discipline parfois incroyable... On peut se laisser inspirer.
Denys Lamontagne, éditeur
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Illustration : Canova Antonio : Socrate buvant la cigüe, Wikimedia
