Dossiers de la semaine

Architectures invisibles

Ce qui est positionné dans l’espace ou dans le temps participe à une architecture. On peut voir l’architecture comme un ensemble de rapports. Par exemple, dans le développement d’un embryon, à partir d’une seule cellule qui se divise, chacune se positionne par rapport aux autres, adopte une forme et prend un rôle. Une tête ne se développe pas comme une main et pourtant, dans la masse embryonnaire, seule la position relative distinguait ces cellules et, de cette position, certaines parties du code génétique s’activent et d’autres s’inhibent.

Les structures familiales, hiérarchiques, sociales tiennent parce que les positions et les rôles sont reconnus et développés. L’éducation y joue pleinement, qu’elle soit informelle ou institutionnalisée. Une fonction culturelle ou sociale nécessite un certain comportement et on forme en vue de la fonction visée. On peut certes choisir son métier, devenir artiste ou comptable, programmeur ou demeurer à l’affut des nouvelles possibilités, mais dans tous les cas un ensemble de considérations forme une véritable architecture de rapports. Celles ou ceux qui veulent franchir les plafonds de verre ou les murs de préjugés se rendent bien compte de ces architectures invisibles.

Certaines composantes de ces architectures ont une portée insoupçonnée. Par exemple, déterminer que «les examens sont en juin» fait en sorte que tout le reste de l'organisation éducative répondre à cette échéance. Simplement changer la formule parait une révolution. Le «systémique» est bien présent et agit souvent aussi fortement que s’il était matériel comme un filtre ou un mur. Il peut aussi bien rendre service que faire obstacle et nous compliquer la vie.

Bien des «implicites» peuvent être considérés comme des conventions. Dire bonjour au professeur, mettre un titre à son courriel; plusieurs sont de véritables «nudges», des contraintes discrètes, comme des chaises de MacDonald : après 20 minutes, vous partez.  Certaines administrations discriminent les femmes, les immigrants ou tout ce qui ne cadre pas avec une certaine idée de leur mission, sans même s'en rendre compte. Les algorithmes de l'intelligence artificielle en sont l'expression la plus achevée. On nourrit la bête avec nos considérations et ensuite on s’étonne des résultats.

Nous maintenons beaucoup d’architectures invisibles en se basant sur des modèles désuets, spécialement en éducation. Nous pouvons en changer et faire mieux, pour le mieux.

Denys Lamontagne - [email protected]

Illustration : Pexels -Pixabay

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