Un des premiers mots appris à propos d’Internet est «hyperlien». On connait son aspect pratique : un mot souligné ou une image est reliée à quelque chose ailleurs dans Internet et son aspect technique est un code qui encadre le mot à lier. Comment avons-nous appris tout ça ?
La première fois que nous entendons un mot, son pouvoir d’évocation est limité à ce qu’il nous inspire : sa ressemblance avec d’autres mots, sa sonorité, son contexte, sa réalité, son usage. À force de l’entendre, on finit par avoir une certaine idée de sa signification et en l’utilisant on obtient une confirmation de son sens ou une rectification. En somme un mot est un raccourci de communication dont le sens est partagé par ceux qui l’utilisent. Un mot connu par une seule personne est inutile. Comme pour un réseau social, c’est principalement le nombre de personnes qui en comprennent le sens qui fait sa valeur en communication.
La précision d’un mot lui confère une qualité de communication que des mots vagues ne peuvent prétendre porter. Une entretoise n’est pas n’importe quel bout de bois dans une charpente et une drisse désigne un cordage spécifique sur un voilier. Ceux qui connaissent le vocabulaire avec précision peuvent commander et évoquer des idées, des images, des émotions et de la poésie quasi à l’infini, ce que les slammeurs autant que les orateurs ou les écrivains reconnaissent. Le vocabulaire est clairement une force qui vaut l’effort de développer.
Dans ce but, une des premières étapes d’une formation est l’acquisition du vocabulaire du domaine étudié; l’activité est fondamentale et on ne peut pas y couper. Certaines disciplines intellectuelles, autant en philosophie qu’en mathématiques, reposent sur des concepts sophistiqués et sur le vocabulaire pour le communiquer. Avec de bonnes définitions, on peut évoquer, communiquer, comprendre, se comprendre et enchanter le monde, que demander de mieux ?
Denys Lamontagne - [email protected]
