Dossiers de la semaine

Accessibilité, adaptabilité, ouverture, handicap

Les espaces aménagés pour accueillir les handicapés leur rendent effectivement la vie plus facile, mais pas seulement à eux : les mamans avec les poussettes, les livreurs avec des charriots, les jeunes enfants, les distraits, les pressés, les personnes âgées et bien d'autres qui, sans s'en rendre compte, profitent du design et des améliorations apportés aux espaces et services. Sans oublier les robots et autres appareils plus ou moins volumineux qui transiteront bientôt par ces espaces.

Dans le monde virtuel, le soin apporté à l'accessibilité d'un site agit à peu près de la même façon sur une population : même ceux qui n'ont aucun handicap peuvent en profiter et, comme tous nous vieillissons, un jour ou l'autre nous pourrons l'apprécier encore plus.

Quel intérêt un site de musique peut-il avoir à se rendre accessible aux sourds ?  Demandez à ceux qui apprécient la poésie des chansons.  Pourquoi un site de vidéo rendrait-il ses productions accessibles aux aveugles ? Facile à imaginer.

Pour les services éducatifs, la responsabilité de l'accessibilité est évidente : l'intelligence n'a rien à voir avec un handicap physique, mais le handicap peut réellement nous priver de l'apport de personnes éminemment intelligentes et laisser celles-ci déconsidérées et sans espoir. Et on ne parle pas de quelques personnes; le handicap peut prendre bien des formes.

Tous sont pour la vertu mais rendre un site ou cours à distance accessible peut représenter des coûts importants, jusqu'à trois fois plus pour des sites réactifs, et l'alourdir considérablement; tout ça pour quelques personnes ? Pas vraiment.

Les handicapés technologiques (qui n'ont pas un accès à grand débit) auxquels s'ajoutent ceux qui ignorent les outils et les codes d'Internet représentent une population parfois appréciable qui profiteront d'un site plus accessible. Comptons ceux qui ne maîtrisent pas la langue du site (40 % d'analphabètes fonctionnels) et les immigrés, on a déjà un groupe important pour qui l'accessibilité est limitée, auquel on croise 1,8 % d'handicapés visuels, 2,6 % d'handicapés auditifs, 2,5 % d'handicapés cognitifs, près de 20 % ayant des problèmes de motricité divers et les 5 à 7 % de dyslexiques et autres dys.  Ce qui fait finalement beaucoup plus que «quelques individus». 

Des améliorations technologiques, comme les lecteurs de tags, les «loupes» virtuelles, le «Voice over» et autres systèmes de compensation génériques, contribuent à réduire les coûts d'adaptation d'un site, tout comme l'expérience acquise dans l'adaptation des sites et qui est disponible sur plusieurs sites spécialisés.  Les pratiques d'adaptation peuvent être automatisées et intégrées dans les pratiques même de conception, dès le départ. On peut se faire financer une partie des coûts d'adaptation, pour peu que l'on fasse jouer son réseau, ce qui pour des institutions éducatives est dans l'ordre du «très possible».

Alors, au moins pour les cours de base, nous avons tout pour être accessible, mettons-le en place !

Denys Lamontagne
Éditeur, en remplacement de Christine Vaufrey, happée par un hyperMooc.
[email protected]

Illustration : Symbol of accessibility carlos castilla - ShutterStock

Éléments du dossier

Recevez nos nouvelles par courriel

Chaque jour, restez informé sur l’apprentissage numérique sous toutes ses formes. Des idées et des ressources intéressantes. Profitez-en, c’est gratuit !