Dossiers de la semaine

Standard maximum

«Références communes» sont les maîtres-mots de la standardisation : tous ceux qui terminent leurs études savent lire et compter; tous les diplômés de l’académie AB savent YZ; toutes les ampoules GH se vissent dans les culots GH, peu importe leur origine ou leur taille. Les avantages de la standardisation impliquent la soumission stricte à une règle.  L'enseignement de standards ne tolère pas d'exceptions, sinon il ne s'agit plus de standards. Au delà du standard, il y a la liberté. En deçà, l'exclusion. On s’y conforme, sans originalité. Une école inclusive implique l'atteinte des mêmes standards pour tous, quitte à compenser, assister, aider, covid ou pas. Un société inclusive fait la même chose, même pour ses éléments les plus rétifs.

La création de standards est une autre histoire. S’ils sont développés en collégialité, leur adoption et leur diffusion sera aisée; s’ils sont imposés ou orientés selon des intérêts particuliers, ils rencontreront nécessairement de la résistance et cette résistance indiquera qu’il demeure du travail à faire sur le standard et son utilité réelle.

Les formes de l’évaluation qui témoignent du respect du standard, spécialement en éducation, peuvent générer des biais qui n’ont rien à voir avec la valeur du standard ou son importance. La capacité de raisonner ou d’apprendre est mieux mesurée par la maîtrise d’un sujet qui intéresse la personne que par un QCM «standard». Un «standard» qui sert à comparer ne remplit pas sa fonction. Dans les tests standardisés, il n'y a que le test qui est standard.  Dans certains domaines, on est mieux de relativiser l’importance du standard. La note globale d’un diplôme n’indique pas la sensibilité du diplômé.

On participe actuellement à une standardisation à tous les niveaux : langue, culture, goûts, apparence, monnaie, même la pensée. Tous avec un téléphone et tous portant des tatouages différents. Individualisme standard. L’existence de grands empires et de grands réseaux implique une perte de diversité.

Au VIII ième siècle, dans un immense royaume regroupant des centaines de dialectes et une population illettrée, Charlemagne, sans ressources propres, se servit de l’Église pour maintenir son administration. L’administration de l’État exigeait une langue commune et quelques lettrés. Ce fut le latin et des écoles monastiques, puis des écoles laïques dans chaque duché. La standardisation commençait et était une condition même de l'existence d'un État. La standardisation de certaines références permet la coordination et la vie en société.

Un monde à échelle humaine a certes besoin de certains standards de décence, mais il a aussi de besoin de créations qui ne correspondent à aucun standard et sont, de ce fait, exclues des réseaux de conformité. Notre individualité s’accommode mieux de la liberté; il y a des limites à la standardisation.

Tous les textes de Thot Cursus sont écrit en respectant les règles du français standard et celles de notre charte éditoriale; pour le reste, chaque rédacteur y va de son style et de ses idées. Ça fonctionne plutôt bien.

Bonne lecture

Denys Lamontagne - [email protected]

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