Dossiers de la semaine

Au rendez-vous de soi

«On a besoin de toi, tu commences à travailler demain». À 18 ans, tu n'as guère le choix. Souvent tu ne sais même pas ce que tu veux vraiment ! Tu rêves d’être pilote d'avion, mais tu louches. Tu aimerais être ingénieur, mais tu échoues en maths. Tu te prétends artiste, mais personne ne veut de tes oeuvres. Tu veux être maman, mais tu es stérile. Tu veux écrire, mais tu dois aussi manger. Les choix possibles se résument à non-être ce à quoi tu aspires. Finalement, tu fais avec, quitte à tordre le destin ou à sublimer le désir sous une autre forme.

Les cas qui ont tordu le destin on en connait, tous exceptionnels.  Les autres, ceux qui passent à autre chose, ne font pas les manchettes. C’est rarement explicite mais le résultat est là : la personne ne va pas vers ce qu’elle aurait voulu devenir, ne vit pas l’expérience de l’action sous un état d’être assumé. Sous différents prétextes, de la nécessité, du devoir, du jugement des autres, de critères de sélection, du doute de soi, des valeurs du groupe, de sanctions, et de tous les arguments possibles pour convaincre ou contraindre une personne, celle-ci finira par céder ou simplement passer à coté de l’occasion.

L’orientation et la préparation des étudiants font partie de la mission éducative; leur importance augmente à mesure que la société se transforme; certains métiers disparaissent, d’autres demeurent à définir. Comment agir sans décourager, comment compatir sans nier, comment progresser même si c'est sur une autre voie ?

Parfois la fatalité, le handicap, le milieu, éloigne à tout jamais les possibilités d’être tel qu’on l’aurait souhaité, mais aucune contrainte n’empêchera jamais quiconque de créer sinon celle que lui-même accepte ou se fixe. On parle ici d’attitude. Pour peu qu’on leur laisse une chance, bien des handicapés peuvent nous faire la leçon.

Bien sur, l’ignorance des exigences et de la réalité de certains rôles, d’éboueur à vedette de cinéma, de programmeur à influenceur, peuvent les faire apparaître plus ou moins désirables. Souvent l’expérience amène la personne à réviser l’état d’être qu’elle désire réellement assumer. Au faîte de leur renommée, certaines choisissent de retourner à une vie plus simple. Le »non-être» désiré peut aussi avoir des qualités.

L’action agit comme un révélateur de soi en interaction avec la réalité. Les personnes qui se frottent à beaucoup d’expériences finissent par reconnaître celles où elles se sentent le mieux et aussi celles qu’elles préfèrent éviter. Sans un changement d’attitude, le non-être négatif, être autre chose que ce que l’on désire, conduit invariablement à l’aigreur, à la dépression, au déni de soi. L’identification des véritables buts de la personne et des moyens de s’y diriger est l’étape clé. Le reste s’adapte au gré des circonstances, tant que le but est clair.

Être ce que l’on veut être et ne pas être ce que l’on ne veut pas. La question de Hamlet peut être répondue. On comprend alors vraiment la définition de «ontologie».

Denys Lamontagne - [email protected]

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