En enseignement, le corps a souvent été considéré comme accessoire,
une contingence dont il faut s'occuper mais qui entrave la poursuite du
noble but de l'éducation. Mais est-ce vraiment le cas ?
À
l’évidence, un corps qui répond bien apprend mieux qu'un corps hésitant,
malade ou épuisé. Même si la dose a toujours été insuffisante, on
reconnait la nécessité de périodes d’activité physique entre les cours,
d’ailleurs de nouvelles approches plus actives sont intégrées à
l’enseignement dans cette optique.
Comme moyen d’expression et
d’action le corps est l’interface la plus directe entre notre pensée et
le monde concret. Par les sens, la voix ou le geste, on peut percevoir
et interagir… Seulement notre façon de bouger révèle bien plus de choses
sur nous qu’un discours. Les capacités intellectuelles sont affectées
par l’état du corps et ses manifestations peuvent être observées par
l’enseignant : un élève abattu révèle qu’il a besoin de concret,
d’application, d’action. Les limites du corps sont connues et ses
performances très variables. Les handicapés savent qu’il est possible de
dépasser ces limites et peuvent nous en apprendre beaucoup sur les
attitudes à développer.
La vie agit à travers les corps
physiques; dans cette logique, les plantes perçoivent, agissent et elles
aussi apprennent de leurs interactions. Plus loin encore, notre
capacité d’apprentissage dépend certes de notre corps mais aussi de son
environnement perçu, autant physique que social. Les robots apprennent à
partir des données qu’ils reçoivent de leurs capteurs internes et
externes; ainsi ils peuvent se situer et qualifier l’effet de leurs
actions. En ce sens, ils ont aussi un corps et apprennent par son
intermédiaire et à ce niveau.
Nous apprenons un grand nombre de
choses de manière purement intellectuelle mais quand vient le temps de
l’application, un corps fonctionnel, apte et habile s’avère
irremplaçable. Alors, apprendre avec son corps ? Je vous invite à
explorer de ce coté.
Denys Lamontagne - [email protected]