L’auto-sabotage parait parfois si étonnant qu’on se perd en conjectures sur ses causes. «Il avait tout pour réussir et il a foiré au moment critique.» «Personne ne l’en a empêché, il a fait cela tout seul». Certains poussent le paradoxe jusqu'à un perfectionnisme destructeur.
Comme vous le découvrirez dans ce dossier, les raisons de l’auto-sabotage peuvent être multiples : du geste quasi volontaire, qui fait finalement l’affaire de son auteur, à celui totalement réactif qui confirme un jugement délétère, à celui du sentiment d’imposture pour qui le succès ne serait pas mérité ou jamais satisfaisant, en passant par le simple manque d’expérience qui déstabilise. Dans tous les cas des solutions existent. À qui donne t’on raison ? Parfois simplement une ambition, aussi noble soit-elle, n’est pas adaptée au contexte : nous changeons et le monde change. L’issue des actions de Don Quichotte était certaine; l’auto-sabotage était à l’oeuvre dès le départ.
On en vient à comprendre que l’échec n’existe pas vraiment : il s’agit d’un jugement dont l’interprétation revient à chacun. Il n’a pas terminé la course ? Et alors ? Il y en aura d’autres. Il a déçu les attentes ? Celles de qui ? Les siennes ? Il peut avoir compris qu’il ne sera jamais Michael Jordan ou Einstein… Succès complet, en route vers lui-même, avec la volonté de mettre les efforts… ou non. Du jugement qu’il accepte ou qu’il conclut dépendra la suite. Ce qu’il y a d’intéressant avec les jugements est qu’on peut les renverser. Un peu de travail sur soi en fournit normalement les moyens, surtout si on est guidé avec bienveillance.
L’auto-sabotage est tellement révélateur du potentiel de la personne qu’il indique clairement la priorité : résoudre la situation et persister ou abandonner une voie sans issue et reprendre le gouvernail de sa vie. Parfois il ne sert à rien de réparer ou rénover, vaut mieux reconstruire. Ce n’est pas un échec, juste une autre ère qui s'annonce.
Bonne lecture
Denys Lamontagne - [email protected]
Illustration : gr8effect - Pixabay
