Dossiers de la semaine

Échange commercial

Le véritable commerce consiste en un échange mutuellement profitable. D'où son importance dans le calcul de la prospérité. Par exemple, tout ce qui favorise une hausse de la productivité peut faire l’objet d’un service commercial : s’il crée de la valeur, quelqu’un l’achètera. Les premiers qui ont posé des tuyaux et construit des moulins ont fait faire des bons prodigieux aux communautés car le temps libéré à transporter de l’eau ou à moudre du grain au pilon était mieux utilisé ailleurs. L'hygiène et les vaccins ont libéré l'humanité de fléaux qui la décimait et l'handicapait : moins malade, on produit plus et mieux. Il en est ainsi d’à peu près toutes les innovations autant matérielles qu’organisationnelles.

Nos grands parents travaillaient plus de 60 heures par semaine. Nous en travaillons moitié moins. C'est dire à quel point nous sommes plus productifs. À leur époque plus de 30 % de la population subsistait de l’agriculture; dans les pays développés, c’est maintenant autour de 3 %. L’éducation aussi entraine une hausse de productivité et nous amène à créer de nouveaux services commerciaux utiles et appréciés qui remplacent ceux qui disparaissent parce que moins efficaces.

Le dernier bon majeur de productivité fut celui d’internet, qui a augmenté de façon radicale la productivité des communications, des organisations et d’à peu près toutes les activités qui meulaient encore les données à la main et les transportaient dans des boites. La robotique et l’intelligence artificielle continuent d’augmenter la productivité, mais cette augmentation ne profite qu’à ceux qui peuvent se les payer, d’où les débats de plus en plus pressants autour de la redistribution de la richesse qui se concentre entre les mains de quelques entreprises prédatrices.

Plus la perspective est courte, moins le calcul économique est évident. Par exemple, le commerce des armes ou de la drogue peut difficilement être envisagé comme un véritable commerce puisque que ceux qui achètent demeurent rarement solvables très longtemps. Les entreprises qui consomment les ressources ne mesurent pas les conséquences de leur activité à l’échelle de temps appropriée et nous mènent à une catastrophe très peu productive.  Au contraire de ceux qui vendent des rêves de beauté ou de futur improbable, comme un gain à la loterie, qui le font sans dommage : ils savent durer dans le temps.

Les spéculateurs travaillent à un autre niveau : celui du détournement de la valeur créée. Ils ne produisent rien, sinon que de l’inflation, et ne font que jouer les règles à leur avantage. D’autres s’en inspirent. Détourner le temps libéré peut-être une entreprise lucrative : le divertissement sous toutes ses formes connait une expansion rapide. Le tourisme n’attend qu’un vaccin pour reprendre de plus belle. Profiter des infrastructures urbaines et sociales pour des projets privés sans réelle contrepartie est aussi une autre manière de contourner les règles commerciales et la concurrence. Uber et bien des promoteurs immobiliers ont bâti leur empire de cette façon. On a le droit de tous les rappeler à l’ordre.

En éducation, on peut s'appuyer sur des données générales de prospérité pour justifier l'échange. Quand l'éducation passe par l'État, il ne s'agit plus de commerce mais de service public. Les rapports commerciaux en sont quasi évacués.  L'université a un autre genre de rapports, puisqu'il lui faut préserver son indépendance. Pourtant les millions affluent pour ses projets de recherche, avec les questions éthiques habituelles.  Mais autour du système académique, le commerce de l'éducation est florissant, que ce soit des cours professionnels, du support aux études, des équipements ou du contenu. Le monde commercial est établi sur un principe : celui de l'échange. Le monde de l'éducation n'y échappe pas.

Bon magasinage !

Denys Lamontagne - [email protected]


Illustration : Geralt - Pixabay

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