Vous l’avez peut-être expérimentée de manière superficielle à partir de votre appareil mobile ou plus intensivement via un casque de réalité virtuelle dans un jeu vidéo ou un événement culturel. Dans les écoles, les élèves en parlent, plusieurs ont des équipements de RV chez eux, mais rares sont les classes qui en utilisent, tout comme dans les entreprises. Même si elle est reconnue efficace en formation, ses coûts la confinent à des niches spécialisées.
Pourtant on y investit collectivement des milliards ! C’est que l’expérience parait particulièrement satisfaisante, autant que d’aller voir un spectacle ou de faire un voyage. Ajoutons-y justement l’impossibilité de voyager ou de se rassembler et nous obtenons une effervescence technologique particulièrement intense.
Les rencontres et la collaboration dans des environnements virtuels font fi des distances. L’immersion que la réalité virtuelle propose trouve des applications jusque dans les salles d’opération où elle remplace ou diminue les besoins d’anesthésie, dans les cabinets de psychologues où elle sert à réduire des phobies, dans les firmes de marketing où on évalue les effets de différentes propositions sur le consommateur, dans les musées, où elle permet d’étendre leur rôle culturel au delà de l’exposition d’artéfacts, etc. Construction, tourisme, industrie, arts, santé, transport, formation, recherche, pratiquement tous les domaines y trouvent des avantages par rapport à la lourdeur de la réalité physique. Les erreurs y sont permises et on peut en évaluer les conséquences sans en faire les frais. Quel avantage !
La réalité virtuelle remet en question nos réponses face à la réalité crue. Que la réalité perçue soit réelle ou virtuelle, nos réactions sont pratiquement les mêmes. Ce que nous enregistrons de nos expériences est le fait de nos propres perceptions et ce que nous en faisons dépend essentiellement de nous. On peut se voir réagir, encore et encore jusqu’à comprendre la source de nos réactions et s’en extraire. Le contrôle nous revient; nous redevenons sujet et non un objet soumis à la fatalité. Mais comme de la caverne de Platon, s’extraire de l’illusion peut s’avérer difficile. La réalité constitue la base de l’accord et de la communication. Si elle n’est pas partagée, elle s’appauvrit d’autant. Les mondes virtuels sont souvent extraordinaires, le véritable défi demeure de les amener dans le monde réel.
Bonnes découvertes
Denys Lamontagne
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