La perpective d’enseigner à des milliers de personnes à la fois en fait rêver plus d’un. Ces ovnis éducatifs appelés «moocs» (Massive Online Open Course) constituent pour l’instant les laboratoires éducatifs les plus riches qui soient.
Redéfinir «enseignement»
Si la notion de «cours ouvert» (Open Course) comprend le concept d’apprentissage, une partie de celui de l’enseignement est remis en question par le «massive» : «Enseignement par qui ?»
Car 5 ou 10 000 personnes ne vont pas toutes béatement accepter n’importe quoi de n’importe qui, fusse t’il une autorité. Même un contenu adéquat peut être enrichi de l’apport des étudiants. Pour peu que le sujet soit attirant, les échanges entre les participants créent suffisamment d’intérêt pour que le feu de l’échange s’entretienne; si la plate-forme du mooc permet de canaliser ces échanges, le cours s’en enrichit d’autant, animé et contrôlé par ses éléments les plus dynamiques.
L’idée d’une «autorité» contrôlante est amortie par la nécessité de la participation : si on la décourage, le cours se refroidira au point de n’être qu’un site de distribution. L’autorité fixe le thème et déploie les ressources de départ, les participants en font ce qui peut être fait avec. La réponse à «par qui ?» est «par nous tous : vous et nous».
Ce qui remet en question une conception traditionnelle de l’enseignement et de ce fait place les moocs à l’avant-garde de l’enseignement.
Expérimentation à grande échelle
Question d’échelle, les moocs permettent d’accumuler des données et des ressources à une vitesse jamais connue auparavant. Qu’elles données considérer, quoi faire avec, comment organiser toutes ces ressources, comment les exploiter, demeurent des questions auxquelles nous commençons à peine à répondre. Au niveau techno-pédagogique, les moocs représentent un vrai défi, encore à l’avant-garde.
Au niveau administratif, les moocs changent la donne, que ce soit dans les activités de marketing, de financement, d’inscription, de communication, d’évaluation et de certification, sans compter le placement à l’emploi. Les moocs amènent à repenser les structures mêmes des organisations.
Un nouveau marché éducatif
Quand il s’agit de former des milliers ou des millions de personnes, l’éducation traditionnelle peut répondre à la demande, grâce à l’ampleur de son réseau, mais dans des coûts et à une vitesse qui la réserve à un nombre de sujets très limité.
Paradoxalement, les moocs permettent d’offrir une plus grande variété de cours, dans plus de sujets et à plus de gens qui, du fait de leur dispersion, ne représentent aucune population économiquement viable pour l’éducation traditionnelle.
Ces gens qui ne prenaient plus de cours, faute de sujets intéressants et accessibles, peuvent de nouveau en suivre. Un nouveau marché culturel s’ouvre, comme celui du spectacle ou de la littérature : on suit un cours plaisant et intéressant et on y rencontre des gens aussi intéressants. Même ce dernier aspect est propice à des expérimentations.
Les moocs sont des laboratoires bien vivants et à voir le nombre de chercheurs qui s’y commettent, le sujet commence à devenir chaud.
Références
La révolution MOOC - Blogue
http://blog.educpros.fr/matthieu-cisel/2014/10/10/ce-que-la-recherche-dit-sur-les-mooc-lexemple-des-chatrooms/
«Oui, les MOOC renforcent le lien entre pédagogie et recherche» - Françoise Dany - Blog EducPro - 2014
http://www.letudiant.fr/educpros/opinions/oui-les-mooc-renforcent-le-lien-pedagogie-recherche.html
L'incroyable productivité des cMOOCs - Christine Vaufrey - 2013 - Thot Cursus
http://cursus.edu/dossiers-articles/articles/19619
ElearnSpace - George Siemens - Blogue
http://www.elearnspace.org/blog/
Les MOOC : une innovation à analyser - Bernadette Charlier - DMS 5/2014
http://dms.revues.org/531
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