L’avant-garde en enseignement : à deux pas de chez vous

À la tête d’un groupe d’étudiants dans une administration scolaire tatillonne, l’idée de faire partie d’une «avant-garde» pédagogique paraît probablement irréaliste ou même suicidaire.  On aura tôt fait de se faire ramener sur terre ou de se faire irrémédiablement marginaliser. On comprend intuitivement que lorsqu’il qu’il s’agit de nouveauté et d’expérimentation, il s’agit de ne pas y aller seul, ni de se lancer dans une aventure à haut risque, du moins pas au début. L’expédition en Antarctique, ce sera pour plus tard.

La collecte des appuis est une clé de tout projet innovant. Bien sur on regarde la faisabilité d’une idée, on consulte et fait quelques tests, mais si on veut mener quelque initiative à terme sans avoir à supporter toute la charge, des appuis sont nécessaires autant par leur soutien matériel que par leurs rétroactions bienveillantes, leur support moral ou leurs contacts.

Dans une organisation, on constate plusieurs avantages à initier une expérimentation : cela dynamise le milieu, ouvre des perspectives, attire l’attention et les ressources et développe de l’expertise. Une mobilisation se produit et, même si tous ne peuvent pas fouler le sol de la Lune, le fait de participer à l’aventure à son niveau est en soi valorisant.  

C’est ce qu’ont compris les institutions et certains ministères quand ils établissent une politique d’innovation ou un programme incitatif. Ainsi, on commence par une ouverture de principe et on peut trouver plus facilement des appuis, même à l’extérieur de son milieu.  Il serait ennuyeux de ne pas en profiter !

Pas tout seul

L’Expérithèque, un service de l’Éducation nationale, illustre parfaitement le phénomène. Le site permet de se tenir au courant de pratiquement toutes les expérimentations pédagogiques qui se passent dans les écoles de France. L’effet est stimulant.

Par exemple, au Collège Romain Rolland, on y mène une expérimentation de classe inversée «La classe à l’envers» avec des tablettes, pour essayer de combler le fossé numérique et de support familial entre les élèves.  Non seulement l’expérience et ses objectifs y sont détaillés, mais le lien vers le site et surtout le contact de son responsable sont fournis. Vous seriez tenté ?

Ailleurs, au collège Aristide Briand, on mène une expérience d’évaluation «Évaluer sans notes» dont on attend le bilan et qui semble avoir été fort intéressante.  On peut aussi contacter son responsable. Au collège Bernard de Ventadour on s’essaye à l’aide aux devoirs en ligne. Que va t’il en résulter ? Peut-on aller voir ?  On a qu’à demander.

Parmi les milliers d’expérimentations qui ont été compilées depuis 2012, on peut trouver rapidement celles qui nous intéresse.   Avec «Culture» on trouve des expérimentations en philosophie «Philosophie au lycée avant la classe de Terminale : Penser le monde contemporain par le biais de l’art.»  ou encore en littérature «Mise en scène de fables par la création numérique», etc.  

Peu importe la discipline, on trouvera des expérimentations aussi bien pédagogiques, que technologies, avec l’administration scolaire (gestion d’horaires, relations avec les parents, les entreprises) ou en réponse avec des problématiques sociales: que faire avec l’intégration des immigrants, l’intimidation, l’éducation sexuelle ? Les sujets sont variés.

L’imagination féconde des enseignants trouve un exutoire et sa richesse est impressionnante. L’innovation éducative peut être dans la classe d’à coté et même dans la votre, suffit de se demander quelque chose comme, «qu’est-ce qui arriverait si… ?, comment je m’y prendrais pour…?»

Références :

L’expérithèque

Séminaire national au MENJVA sur l'innovation : L'expérimentation pédagogique, c'est fantastique - John le Jeu - 2011
http://www.neoprofs.org/t29907-seminaire-national-au-menjva-sur-l-innovation-l-experimentation-pedagogique-c-est-fantastique

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