Du Surgé (surveillant général) au CPE (conseillers principal d’éducation) en passant par l'assistant d'éducation (ASEN) et assistants de vie scolaire (AVS) en France, le rôle de «surveillant» à l’école s’est transformé et n’a pas fini sa métamorphose. Au Québec et dans d’autres pays, le rôle n’a pas été aussi formalisé mais connaît les mêmes transformations. De disciplinaire. il passe graduellement à une fonction plus éducative, en dehors des périodes de classe.
En France , le législateur «a clairement confié des «responsabilités éducatives» (organisation et animation de la vie scolaire, suivi, orientation, évaluation des élèves…) au CPE.». Au Québec, la définition de tâche couvre les deux aspects : discipline et éducation et c’est dans le Code civll que sont définies ses responsabilités, tacitement déléguées par les parents.
Mais au-delà de la situation réglementaire, toujours en retard sur l’évolution, le contexte scolaire d’aujourd’hui ressemble de moins en moins à celui qui a vu à la création des «surveillants».
Le surveillant électronique
Chaque caméra de surveillance, système d’identification et autres procédés de contrôle à l’école, en principe, diminuent la nécessité du «surveillant» traditionnel dont le rôle migre d’une part vers le «gardien de sécurité» qui répondra aux alertes et d’autre part vers celui, plus éducatif, d’accompagnateur, de conseiller, de contrôleur, d’aide, de soutien, de référence, de guide, d’accompagnateur, de facilitateur et de toutes ces fonctions plus ou moins définies qui ont un peu moins à voir avec la discipline et plus avec l’intervention sociale ou pédagogique. En principe.
Dans les faits, à lire les commentaires à propos des surveillants dans les écoles sur les blogues où le sujet est abordé et dans Twitter (#surveillant) l’aspect disciplinaire parait encore très présent : contrôle vestimentaire, contrôle des présences, contrôle de la possession de portables, etc.. En plus d’être papa ou maman par procuration, arbitre, cible pour tous les coups contre «l’institution» et même responsable de programme comme la prévention de l’intimidation ou la prévention du suicide, la question de l’autorité morale du surveillant se pose avec encore plus d’acuité qu’avant : est-il compétent ? Souvent ceux qui acceptent ce rôle ingrat, sous-payé et déconsidéré sont loin d’y être préparés professionnellement.
Ajoutez-y les problèmes de l’usage des technologies comme la cyber-intimidation, le sexting, le happy slapping et autres dérapages adolescents, le travail du «surveillant» déborde la sphère disciplinaire et en devient un de conduite morale. La tâche n’est définitivement pas de tout repos.
La surveillance électronique n’apporte pas grand chose coté éducation et c’est précisément la fonction humaine qui est au coeur de la pratique : communiquer, faire respecter les règlements, appliquer les procédures et les sanctions, intervenir. Le rôle s’apparente à l’huile dans un mécanisme; un bon surveillant-animateur rend l’activité fluide, facilite les rapports, améliore l’ambiance, intervient avant que les problèmes empirent et procure un enseignement à la vie en groupe.
Formation ?
Qui occupe le poste ? De récents étudiants le plus souvent, possédant un diplôme d’études secondaires ou l’équivalent du Bac en France. Ils ont connu le rôle du surveillant du coté étudiant, ceux qui s’en sentent la force et le cran vont le reproduire du coté de l'autorité.
Une bonne école pour préparer au métier d’enseignant ? Rien n’est moins sur, d’autant moins qu’aucune formation spécifique n’est offerte, que l’encadrement est minimal tout comme le salaire. Il ne s'attend à aucun réel support des syndicats et aucun groupe de soutien n’est proprement identifié; le taux de roulement du personnel y est élevé et même institutionnalisé dans certaines juridictions (maximum 6 ans) et rien n’incite qui que ce soit à y faire profession.
Il y a donc un besoin, au minimum, pour une formation en ligne de base et pour un site/groupe de support et de référence, ne serait-ce que pour expliquer les bases du métier, les responsabilités et les recours possibles. Le rôle est appelé à se développer; qui s’occupera de le valoriser ?
Illustration : Jatuphol - ShutterStock
Références
L’autorité et les surveillants - Stéphane Auger - Cahiers pédagogiques - N° 415 - Dossier «Existe-t-il une vie scolaire ?» - 2011
http://www.cahiers-pedagogiques.com/L-autorite-et-les-surveillants
La responsabilité des éducateurs, des gardiens et des surveillants - Educaloi
http://www.educaloi.qc.ca/capsules/la-responsabilite-des-educateurs-des-gardiens-et-des-surveillants
Du surveillant général au conseiller principal d’éducation : l’évolution d’une fonction éducative entre tensions et dynamismes. Déconstruction d’un mythe. - Christine Focquenoy - LIRDEF - 2013
http://www.aref2013.univ-montp2.fr/cod6/?q=content/064-du-surveillant-g%C3%A9n%C3%A9ral-au-conseiller-principal-d%E2%80%99%C3%A9ducation-l%E2%80%99%C3%A9volution-d%E2%80%99une-fonction--0
Surveillant / Surveillante - Description du métier - KelFormation
http://www.kelformation.com/fiches-metiers/surveillant-surveillante.php
Les caméras vidéos peuvent-elles remplacer les surveillants ? - Élodie Lestonat - Thot Cursus - 2014
http://cursus.edu/dossiers-articles/articles/24496/
Voir plus d'articles de cet auteur