Plusieurs États, régions, provinces, wilayas et autres entités responsables de l’éducations publique planifient d'investir des millions dans la création et l’animation d’écoles virtuelles. Si on ne peut pas demander aux pionniers de démontrer la valeur de leurs projets avant de les avoir réalisés, on est cependant tout à fait avisé d’analyser leurs résultats avant de tenter de les copier.
Les premières écoles virtuelles d’État datent de 1997. La plus imposante, la Florida Virtual School (FLVS) compte aujourd’hui plus de 500 000 étudiants inscrits. 97 % d'entre eux fréquentent l’école régulière et ne prennent que quelques cours en ligne. Ce nombre ne cesse d’augmenter en raison de la politique de l’État de Floride qui interdit aux écoles de limiter l’accès à la FLVS ou de charger des frais et qui obligera, à partir de 2015, tous les étudiants à avoir réussi au moins un cours en ligne pour obtenir leur diplôme.
Comme tous les étudiants la fréquenteront d’une manière ou d’une autre, cette école virtuelle paraissait toute désignée comme sujet d’étude.
Des preuves, des preuves…
La conviction que l’école virtuelle n’est pas une catastrophe est déjà bien établie. Mais à quel point justifie t-elle les investissements qui y sont consacrés ? C’est la question de fond que se posent les décideurs. La qualité et les résultats sont-ils au rendez-vous si on les compare à l’enseignement en classe ?
L’étude «Virtual Schooling and Student Learning: Evidence from the Florida Virtual School» (.pdf) de la Harvard Kennedy School, l’école d’administration publique de l’Université de Harvard, y répond assez clairement.
Pour y arriver, on a comparé les performances des étudiants qui ont suivi les cours fondamentaux en algèbre et en anglais en classe à ceux qui les ont suivi en ligne. Mais il y avait un biais : les étudiants qui ne réussissent pas bien à l’école ne sont pas ceux qui prennent spontanément des cours en ligne, et ils sont plus souvent défavorisés technologiquement. Aussi a t-on examiné les caractéristiques des étudiants avant qu’ils fréquentent l’école secondaire terminale (High School) : indépendamment du niveau de leurs résultats, réussissent-ils mieux ou moins bien en ligne ?
On a analysé les résultats de tous les étudiants entre 2005 et 2011, soit plus de 150 000 étudiants et plus de 300 000 cours. L’analyse est assez détaillée, avec divers découpages et tests de validité.
Les résultats sont clairs : ceux qui prennent les cours en ligne réussissent mieux, mais si on tient compte de leurs caractéristiques antérieures, les résultats pondérés indiquent qu’ils réussissent aussi bien ou même un peu mieux aux tests d’État. Mieux encore, on n'a trouvé d'effet négatif corrélés aux indicateurs habituels (sexe, race, revenu, sujet)
Enfin, l’argument final : un avantage de productivité pour la formation en ligne. Il en coûte autour de 1 000 $ de moins par élève et par année. Avec l’argent ainsi économisé, on pourrait alors financer le support éducatif pour ceux qui rencontrent des difficultés…
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Virtual Schooling and Student Learning: Evidence from the Florida Virtual School
Matthew M. Chingos† and Guido Schwerdt - Harvard Kennedy School
http://www.hks.harvard.edu/pepg/PDF/Papers/PEPG14_02FVS_Chingos_Schwerdt.pdf
Source : La veille CPU
Illustration : Diego Cervo - ShutterStock
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