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Publié le 19 octobre 2014 Mis à jour le 19 octobre 2014

L'importance grandissante des chercheurs amateurs

Le crowdsourcing scientifique est en pleine ascension depuis plusieurs années

Quand Internet a commencé à devenir plus interactif et accessible aux citoyens, certaines professions se sont inquiétées de voir des amateurs s'improviser "experts" sur la toile. Que ce soit les professionnels de l'information ou les scientifiques, certains se demandaient ce que pouvait provoquer une telle liberté non surveillée sur ce qui était déjà baptisé l'autoroute de l'information. Et finalement, la catastrophe n'a pas eu lieu : même si certains blogueurs ont dérapé, les professionnels utilisent désormais largement les informations fournies par la masse de tous ceux qui cherchent, veillent, publient en ligne. 

Le grand public est en effet devenu l'allié des chercheurs. dans certains cas, il a même permis des avancées significatives. En 2010, nous vous parlions de ces scientifiques qui profitaient du crowdsourcing par le biais de sites et même de jeux comme "FoldIt" qui a permis des avancées dans la recherche pour comprendre et lutter contre le SIDA. 4 ans plus tard, le crowdsourcing scientifique a pris un rythme de croisière plutôt soutenu.

De tout pour tous

Désormais, le crowdsourcing touche tous les sujets et s'adresse à tous. Plus personne n'hésite à l'utiliser et cela devient presque une façon de justifier sa démarche. Par exemple, le projet SETI de la NASA qui est à la recherche de vies extraterrestres dans l'univers. Par le biais d'un programme gratuit que tout le monde peut installer sur son ordinateur, on télécharge des données d'un radiotélescope et on les transmet au SETI. Sans rien faire à part ouvrir leur ordinateur, des citoyens de partout dans le monde pourraient éventuellement contribuer à la détection de vie ailleurs que sur notre planète bleue.

Le projet des Herbonautes instauré à la fin 2012 pour aider à réaliser la classification de l'herbier de Paris a permis d'indexer plus de 100 000 plantes. Ça peut sembler être un très petit rôle, mais le musée national d'histoire naturelle en a grandement profité. L'initiative se poursuit et ses animateurs ont lancé récemment des missions d'identification de végétaux québécois et des algues. Dans le domaine linguistique, la Bibliothèque nationale de France propose depuis peu de temps une plateforme où les internautes pourront déposer leurs signalements de coquilles et fautes dans les publications numérisées de Gallica. Une façon pour tous d'améliorer la bibliothèque virtuelle et qui peut même servir de prétexte à la révision du français, autant chez les adultes que chez les plus jeunes.

De son côté, le MIT veut créer une carte de notre cerveau. Pour y parvenir, à la manière des chercheurs qui se trouvent derrière "FoldIt", ils proposent un jeu appelé "Eyewire". Dans celui-ci, il faut colorer ce qui paraît être les connexions entre des neurones rétiniennes. Un casse-tête à la fois 3D et 2D pour ceux qui aiment, sans jeu de mots, se creuser les méninges.

Mais c'est certainement "Zooniverse" (autrefois Galaxy Zoo) qui est devenu une véritable plaque tournante du crowdsourcing scientifique anglo-saxon. Conçu en 2007 pour permettre aux chercheurs d'identifier des galaxies, le site offre désormais des liens vers des différentes expériences en ligne. les Internautes peuvent ainsi contribuer, à partir du même site, à discerner des astres, des modèles climatiques, des extraits de journaux de soldats de la Première Guerre mondiale, des chants de baleine ou des données sur le cancer. Des sujets et des objectifs variés, mais qui ont tous un but similaire : aider les scientifiques à mieux connaître notre monde ou ce qui l'entoure. Une variété d'autant plus intéressante qu'elle touche des publics très larges; même les plus jeunes peuvent « s'amuser » à classer des galaxies selon leurs formes.

Quelques inquiétudes

Évidemment, il y a un petit danger avec le crowdsourcing scientifique. Les scientifiques doivent trier la quantité immense d'informations et ne pas se réjouir trop vite des « découvertes » qui peuvent s'avérer de faux positifs à cause de mauvaises manipulations des usagers ou de la présence d'un virus ou d'un logiciel malveillant qui a faussé les données. Et bien sûr, il y a toute la question de la propriété intellectuelle. Un sujet fondamental puisqu'il concerne le financement même des chercheurs. Là-dessus, il y a un flou juridique. Toutefois, la question se pose : peut-on passer sous silence toute cette masse « d'apprentis chercheurs » qui ont contribué à la découverte? Ainsi, pour l'enzyme du SIDA découverte par "FoldIt", ce sont les gamers qui ont été crédités de la découverte dans les magazines.

Pourtant, tout ceci ne devrait pas effrayer la communauté scientifique. Parce qu'elle ne doit pas voir le crowdsourcing comme un substitut de la recherche, mais plutôt comme un appui à celle-ci. En effet, les chercheurs restent au coeur du processus et ils sont les seuls à pouvoir identifier la solution dans cette mer de données, l'exprimer de façon cohérente, la justifier auprès des pairs et, éventuellement, du grand public.

Illustration : Goodluz, shutterstock

Références :

Cailloce, Laure. "Crowdsourcing : tous chercheurs !" CNRS le journal. Dernière mise à jour : 16 septembre 2014. https://lejournal.cnrs.fr/articles/crowdsourcing-tous-chercheurs.

"EyeWire." Consulté le 16 octobre 2014. https://eyewire.org/signup.

Les herbonautes. Consulté le 16 octobre 2014. http://lesherbonautes.mnhn.fr/.

Réseau Correct. Consulté le 19 octobre 2014. http://www.reseau-correct.fr/.

Sabourdy, Marion. "Les bénévoles de la science." Thot Cursus. Dernière mise à jour : 6 février 2012. http://cursus.edu/dossiers-articles/articles/9954/les-benevoles-science/#.VEAXBVcwJld.

Secorun, Laura. "Crowdsourcing science goes boom." USA TODAY. Dernière mise à jour : 25 juillet 2014. http://www.usatoday.com/story/news/nation/2014/07/25/ozy-crowdsourcing-science/13143465/.

SETI@home. Consulté le 16 octobre 2014. http://setiathome.ssl.berkeley.edu/.

Zooniverse. Consulté le 16 octobre 2014. https://www.zooniverse.org/#all.


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