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Publié le 05 octobre 2014 Mis à jour le 14 septembre 2023

Enseigner les classiques, est-ce encore possible?

Les classiques sont des jalons de toutes les cultures. Or, dans une ère d'instantanéité, comment montrer aux jeunes la force des classiques?

Les classiques ont un pouvoir incroyable. Il suffit de parler d'eux pour aussitôt créer une imagerie dans l'esprit des gens, même sans qu'ils ne les aient jamais lus ou entendus. C'est leur beauté; ils ont tant teinté la culture qu'aujourd'hui, tous ont appris – inconsciemment ou non – des parties de ces œuvres. Parfois, elles sont référencées ou littéralement reprises dans d'autres créations plus contemporaines.

Mais dans une ère numérique, là où le phénomène d'aujourd'hui devient vétuste quelques semaines plus tard, est-ce encore possible d'enseigner les classiques? Le quotidien québécois Le Devoir s'est intéressé au printemps 2014 au rapport des Québécois avec les classiques, y compris dans le système d'éducation.

Comment devient-on classique?

Autrefois, « classique » voulait dire qui était enseigné en classe. Un roman tombait donc dans cette catégorie lorsqu'il était emprunté par le système d'éducation nationale. On les choisissait souvent du fait de leur pérennité. Ainsi, la plupart des auteurs grecs et romains dont les œuvres avaient survécu aux époques devenaient des classiques. Aujourd'hui, même si la définition fait encore sujet à débat, elle reste sensiblement la même : les classiques sont les oeuvres qui ont réussi à traverser le temps.

Ce qui est fascinant, comme le rappelle le professeur et directeur des littératures de langue française Benoît Melançon, c'est que la plupart des oeuvres aujourd'hui faisant partie du patrimoine national ou mondial n'avaient souvent pas cette aura à l'époque. Par exemple, Madame Bovary de Flaubert racontait une histoire somme toute banale : une femme adultère en province qui est lasse de son existence. Or, l'écrivain français ne porte jamais de jugement sur les actes de son héroïne, ni en bien, ni en mal. Un contraste immense avec les autres auteurs de son époque et qui avait provoqué de nombreuses réactions négatives.

« C'est ennuyeux les classiques! »

Mais de nos jours, qu'en est-il de la vie des classiques en classe? Ils y sont toujours et les libraires suisses, entre autres, ont démontré que les écoles sont encore les plus grands «consommateurs» de classiques. Pour les professeurs, ces pièces maîtresses cimentent les adultes en devenir que sont les adolescents. Sauf qu'il semble très difficile de les intéresser à cette littérature, certes, riche, mais qui paraît passéiste. Évidemment, dans des sociétés aujourd'hui plus séculières, les problèmes moraux posés dans Madame Bovary ont l'air très daté.

Mais il y a des moyens d'enseigner les classiques sans ne susciter que des réactions blasées. Des professeurs québécois ont partagé leurs trucs. Certains agrémentent les discussions sur l'oeuvre d'anecdotes historiques cocasses ou simplement représentatives de l'époque afin que les jeunes comprennent le contexte de la publication du roman. L'usage d'humour et les références à des œuvres contemporaines sont aussi très efficaces.

Une autre façon d'intéresser les élèves est de faire un parallèle entre l'oeuvre et leur propre vie. Une technique aussi utilisée par les enseignants helvètes est de montrer aux adolescents que les classiques abordent des thématiques qui peuvent se rapporter à leur quotidien. Ces livres ou pièces de théâtre parlent d'amour, d'amitié, de sexualité, de la volonté de se démarquer, etc. Tous des thèmes qui captivent les jeunes hommes et femmes qui les recherchent déjà dans les lectures plus modernes.

Il y a donc moyen d'enseigner les classiques aux plus jeunes, de les intéresser à ces œuvres qui ont traversé le temps. Car sous leurs dehors passéistes, ils cachent des thématiques résolument d'actualité même en 2014, celles intrinsèquement liées aux sentiments humains. Ceux-là demeurent, peu importe les époques et les contextes sociaux. Alors, enseignants, ne vous gênez plus et choisissez vos classiques à partager, encore et encore!

Illustration : cdrummbks via photopin cc

Références :

Gervais, Lisa-Marie. "Petit précis d’enseignement des classiques." Le Devoir. Dernièere mise à jour : 17 mai 2014. http://www.ledevoir.com/societe/education/408563/petit-precis-d-enseignement-des-classiques.

La Tribune de Genève. "Les chefs-d’œuvre de la littérature continuent de se lire… et de se vendre." Les pages de Marianne. Dernière mise à jour : 28 avril 2014. http://www.mariannegrosjean.com/2014/04/les-chefs-d%E2%80%99oeuvre-de-la-litterature-continuent-de-se-lire%E2%80%A6-et-de-se-vendre/.

Lalonde, Catherine. "Faire ses classiques." Le Devoir. Dernière mise à jour : 17 mai 2014. http://www.ledevoir.com/culture/livres/408438/faire-ses-classiques.


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