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Publié le 17 juin 2014 Mis à jour le 17 juin 2014

Des millards de capital de risque investis en technologies éducatives : savant calcul.

Entre changements annoncés et bulle spéculative...

Près de 2 milliards d’investissements privés ont été versés à des initiatives technologiques en éducation en 2013, Dans les trois premiers mois de 2014, les 500 millions de levée de fonds seulement aux États-Unis laissent songeurs plusieurs personnes : assiste t’on à une bulle spéculative ?

Les personnes qui investissent cet argent ne le font pas parce qu’elles croient en l’éducation mais parce qu’elles croient que ça va leur rapporter.  En fait, elles ne le croient pas, elles le calculent.

Un calcul simple

Considérant que 20 % de la population fréquente des institutions scolaires et que leur éducation coûte entre 1000 et 5 000 euros par année, selon les pays, à l’échelle de l’Europe (750 millions d’habitants) et de l’Amérique du Nord (525 millions), soit environ 255 millions d’étudiants, à 3 000 euros en moyenne annuellement, ce sont plus de 750 000 000 000 - 750 milliards (billions) d’euros qui sont dépensés annuellement.  Si on ajoute le reste de la terre, dont l’Asie, on triple au moins ce montant, soit plus de 2,5 trillions par année qui sont dépensés en éducation, à plus de 60 % en salaires.

En considérant qu’une entreprise technologique apporte un gain de productivité, même minime, que ce soit en raccourcissant la durée de l’apprentissage, en améliorant la diffusion, en diminuant le taux d’échec, en améliorant la gestion des espaces, en simplifiant l’administration, en raccourcissant les délais de formation ou en améliorant n’importe quel autre aspect de l’éducation, ce sont des dizaines ou des centaines de millions d’économie potentielle à chaque fois.

Supposons que les technologies dans leur ensemble puissent apporte un gain de productivité de l’ordre de 10 %, ce qui serait un minimum quand on considère que dans certains milieux ces gains ont été de plus de 50 %, le total des économies potentielles serait de l’ordre de 250 milliards par année.   De quoi faire saliver tous ceux qui rêvent d’ouvrir un compte pour chaque étudiant, professeur ou école. Alors 1 milliard d’investissement pas année, et même 10, on peut soutenir la cadence pour longtemps.

Ajoutez un contexte où pratiquement tous les gouvernements sont à la recherche d’économies et vous obtiendrez une ouverture certaine aux innovations.

Un question d’échelle

Une bonne solution technologique peut maintenant être reproduite et distribuée à l’échelle mondiale, ce qui n’était pas le cas il y a seulement une dizaine d’années : internet et les ordinateurs ont maintenant pénétré profondément l’école. Seules la langue et les barrières réglementaires en éducation subsistent comme freins, mais elles s’amenuisent constamment, la réforme LMD (License, Master, Doctorat) en est un exemple.

Un investisseur est amené à considérer le portrait suivant : si l’entreprise possède un produit intéressant et semble capable d’acquérir la taille mondiale nécessaire et occuper l’espace suffisamment rapidement sans tomber victime des copies de son modèle, alors l’aventure en vaut le risque.  On vise le monde entier, ou bien on reste chez soi. Ce pourquoi on attire des dizaines de millions; en bas de ça, ça ne vaut pas la peine d’essayer.  Si on investit dans plusieurs des meilleures de ces entreprises, il y en aura bien une ou deux qui vont réussir, c'est de la simple mathématique.

Pas une bulle, mais un ballon

L’éducation est demeurée pour l’essentiel une entreprise artisanale; elle est en train de connaître non pas une révolution industrielle mais une évolution technologique qui la fera passer de l’artisanal individuel à la collaboration sociale étendue. Ce que les investisseurs évaluent et entendent bien favoriser, dans leur meilleur intérêt et, on espère, aussi du notre. Bien sur, un certain nombre de ces entreprises cotées en bourse ou lestées de capital de risque à court terme vont s’effondrer, mais sur le nombre plusieurs vont prospérer et leur modèle évoluer.

Ceux qui pensent qu’il s’agit d’une bulle spéculative, risquent de se rendre compte qu’il s’agit plutôt d’un ballon, recouvert d’un cuir épais et qui commence seulement à rouler. La vraie partie est sur le point de débuter.

Références

Are ed-tech startups a bubble that's ready to burst?
Jake New, eCampus News - Juin 2014
http://www.ecampusnews.com/funding/ed-tech-bubble-startups-014/

Google Capital Invests $40M In Learning Analytics Firm Renaissance Learning At $1B Valuation
Frederic Lardinois, Tech Crunch, Février 2014
http://techcrunch.com/2014/02/19/google-capital-invests-40m-in-learning-analytics-firm-renaissance-learning-at-1b-valuation/

The False Gods of Education Technology Investment
Aron Solomon, Tech Vives, Février 2014
http://www.techvibes.com/blog/how-we-invest-in-education-technology-needs-to-change-2014-02-19

The 10 most significant EdTech financing rounds from 2013.
http://www.cbinsights.com/blog/wp-content/uploads/2013/12/edtechranking2.jpg

Is there an ed-tech investment bubble?
Erin Griffith, Fortune, Février 2014
http://fortune.com/2014/02/19/is-there-an-ed-tech-investment-bubble/

Venture Capital in Education - Site du sommet
http://www.venturecapitalineducation.com/education-innovators-showcase/

Investors give education technology firms the nod
Joseph Wilson, Financial Post, Septembre 2011
http://business.financialpost.com/2012/09/10/investors-give-education-technology-firms-the-nod/?__lsa=f133-e087

Premières Nations - Ottawa détaille ses investissements en éducation (275 millions)
Marie Vastel, Le Devoir - Octobre 2012 |
http://www.ledevoir.com/politique/canada/360575/ottawa-detaille-ses-investissements-en-education


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