Comme de coutume, en marge de la tenue de la Conférence eLearning Africa de cette année du 28 au 30 mai en Ouganda, un rapport sur les usages des technologies de l'information et de la communication dans l'éducation en Afrique a été rendu public.
Ce rapport assez optimiste de 136 pages est intitulé : la clé de l'avenir (The Key to the Future). Il défend la thèse selon laquelle l'amélioration de l'éducation en Afrique dépendra de celle des communications et de la connectivité. "Il est temps, écrivent les auteurs de ce rapport, de se concentrer sur l'éducation et les infrastructures. Si l'éducation est la clé de tout, la clé de l'éducation de demain réside dans les infrastructures".
Plusieurs articles factuels et de fond, des analyses ainsi que le désormais traditionnel sondage sur l'e-learning en Afrique viennent corroborer cette thèse. On lira avec beaucoup d'intérêt le papier de Dr Bitange Ndemo, maître de conférences à l'Université de Nairobi et président d'honneur de l'Alliance for Affordable Internet (A4AI) qui pose cette question : la modernité est-elle en train de détruire l'éducation en Afrique ?
Une question opportune pour qui suit l'actualité africaine, et celle du Nigéria en particulier, où une certaine secte islamique dénommée Boko Haram (ce qui signifie l'éducation occidentale est un péché) s'illustre négativement par des atrocités dans le Nord et a revendiqué l'enlèvement en avril dernier de plus de 200 lycéennes à Chibok dans l'Etat du Borno.
Pour Dr Ndemo, la modernité a raison de l'éducation africaine, celle qui a pour vecteur l'oralité, mais ceci ne handicape pas l'apprentissage qui utilise d'autres canaux. Les langues africaines sont en train de disparaître parce qu'elles manquent de dynamisme. Il conclut sur ce qui est devenu un slogan : la réforme de l'école.
Il est nécessaire de réformer nos institutions d'apprentissage pour faire de l'éducation une expérience agréable sans se focaliser forcément sur les examens. Nous avons maintenant une justification suffisante pour tirer parti des progrès de la technologie de l'information et pour révolutionner la façon dont les enfants apprennent. Le changement dans nos systèmes éducatifs est impératif pour répondre aux exigences de l'avenir. Nous devons développer des contenus centrés sur l'Afrique afin d'apprendre de nos erreurs passées.
On lira aussi les résultats du sondage eLearning Africa 2014 qui a touché 1444 répondants et renseigne sur les opinions ainsi que l'environnement de travail des professionnels du e-learning en Afrique.
Une idée-phare ressortie est le rôle pivot que doivent jouer les gouvernements en faveur du développement de l'e-learning. Elaborer les politiques, attirer les investisseurs, pourvoir aux ressources, sensibiliser les acteurs, engager les enseignants dans l'innovation sont entre autres missions régaliennes auxquelles ils ne peuvent se dérober. En appui à cette idée, on trouvera le récit du faux-départ du Projet Laptop au Kenya et bien d'autres histoires croustillantes.
Un rapport riche en informations et analyses dont la lecture est vivement recommandée.
Pour télécharger ce rapport : www.elearning-africa.com/report2014.