Mettre la technologie au service de l’humain (à travers l’éducation en l’occurrence) est presque devenue une banalité aujourd’hui certes, mais demeure ce qui semble se faire le mieux dans le monde de l’éducation en Afrique à l’heure actuelle. Cependant, l’enseignement des Nanotechnologies, de la Biologie, de l’Informatique et des sciences Cognitives (NBIC) peinent à se faire une place dans les programmes de formation en Afrique. Considérations d’ordre moral ? Manque de moyens ou de compétences dans ce domaine ? Pourquoi le transhumanisme semble si loin des préoccupations des africains d’aujourd’hui ?
Les biosciences, grandes absentes des programmes de formation en Afrique ?
Fin janvier 2013, à l’issue du forum mondial sur l’éducation, les ministres en charge de l’éducation de 101 pays tiraient la sonnette d’alarme sur la pénurie de diplômés qualifiés observée en Afrique. Car, si l’Afrique compte un nombre important d’étudiants, les filières dites « d’avenir » ne sont pas les plus courues. D’où les nombreuses initiatives visant à intéresser davantage les jeunes aux biosciences, à l’instar de l’Initiative Africaine des Biosciences lancée par le NEPAD ou des programmes de bourses offertes à des étudiants diplômés dans ces disciplines se multiplient. Et, le continent en a besoin pour amorcer son développement économique tant attendu. Mais, entre la vulgarisation de l’enseignement des biosciences et les applications concrètes du transhumanisme, le fossé est parfois très grand.
Le transhumanisme : une (réelle) opportunité à saisir ?
Si les avancées technologiques ont permis d’améliorer les performances « humaines » dans divers domaines (dont le sport en particulier), le transhumanisme représente donc à n’en pas douter, un facteur de puissance des Etats dans lesquels il est bien développé. Cependant, ce mouvement est encore assez ignoré en Afrique et, « intégrer la technique dans l’humain » nécessite bien des compétences (techniques), des connaissances (cognitives) et surtout des moyens, tant humains que financiers.
Dans un article de Slate Afrique, Jacques-Alexandre Essosso affirme à ce propos : « l’adhésion au transhumanisme suppose des investissements lourds que la majorité (des pays africains, ndlr) ne pourrait pas se permettre ». Insistant sur l’impact que cela pourrait avoir dans le domaine sportif en particulier, il reconnait tout de même que « les pays prospères de la zone peuvent profiter de ce contexte économique favorable pour s’intéresser au transhumanisme. Le sport ne sera pas le premier bénéficiaire de cette politique, les priorités sont ailleurs (santé, éducation, entre autres). Reste que ces Etats auront toujours la possibilité d’investir dans ce secteur ». Car pour lui, cela ne fait aucun doute que « utilisé à bon escient, le transhumanisme pourra instaurer un nouveau rapport de forces entre l’Afrique et l’Occident », même si force est de reconnaitre que pour l’instant le transhumanisme un mouvement de pensée bien éloigné des préoccupations des africains.
Evidemment, il faudra également pouvoir conjuguer cela avec toutes les questions d’ordre « éthiques » soulevées par le transhumanisme mais, comme dit l’adage : « la morale, tout comme les sociétés, évoluent ».
Illustration : Powerful people - antoshkaforever - ShutterStock
Références :
- Seneweb. « Education : le forum mondial sur l’éducation alerte sur une pénurie de diplômés qualifiés », Agence l’Informatique de l’Etat du Sénégal. Le 4 février 2013. Lien : http://www.servicepublic.gouv.sn/index.php/demarche_administrative/actu/1/1370
- NEPAD. « Initiative Africaine des Biosciences ». NEPAD. (consulté) le 27 mai 2014.. Lien : http://www.nepad.org/fr/humancapitaldevelopment/secteur-des-biosciences
- Essosso, Jacques-Alexandre. « Le transhumanisme : une aubaine pour l’Afrique ». Slate Afrique. Le 30 janvier 2013. Lien : http://www.slateafrique.com/99961/transhumanisme-aubaine-afrique-sport
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