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Publié le 24 mars 2010 Mis à jour le 24 mars 2010

C2I de niveau 2 : quelles compétences pour quels métiers ?

Les Certificats Informatique et Internet (C2I) sont apparus en France en 2002, à la suite des Brevets (B2I) implémentés dans les établissements scolaires. Les C2I s'adressent à tous les étudiants, qui doivent en principe passer le certificat de niveau 1 (généraliste) au niveau de la Licence (Bachelor) au plus tard. 

La poursuite d'études jusqu'au niveau Master voit apparaître de nouvelles catégories de C2I, dits de niveau 2, spécifiques à des branches professionnelles. Toutes les branches professionnelles ne disposent pas encore de leur C2I spécifique, mais cinq sont déjà en place :

  1. Métiers du droit;
  2. Enseignant;
  3. Métiers de la santé;
  4. Métiers de l'ingénieur;
  5. Métiers de l'environnement et de l'aménagement durable.

L'examen des référentiels de ces différents C2I laisse apparaître de fortes différences d'approches, des choix de compétences transversales qui interrogent, et enfin des compétences spécifiques qui semblent dessiner les usages propres aux branches professionnelles concernées.

Cinq C2I Métiers


C2I Métiers du droit. Le référentiel compte 20 compétences. Celles qui attestent de la maîtrise des aspects touchant aux droits des personnes, au droit de la communication et à la propriété intellectuelle apparaissent curieusement moins présentes que celles qui permettent une sécurisation, une authentification et une préservation des contenus numériques. Bien entendu, une large place est faite aux capacités à chercher et utiliser de l'information spécialisée. Compte-tenu de la variété des professions qui relèvent des "Métiers du droit", on comprendra que le référentiel aborde des questions très variées, telles que la lutte contre la cybercriminalité et la maîtrise des enjeux de l'économie numérique.


C2I Enseignant. Le référentiel compte 27 compétences et s'adresse exclusivement aux enseignants intervenant en établissement scolaire avec un public d'élèves. Les formateurs d'adultes, les formateurs à distance et même les enseignants en établissements du supérieur ne sont pas concernés, alors que l'utilisation des outils numériques à des fins d'enseignement et de formation dépasse largement le cadre scolaire. Cet aspect limitatif est compensé par une formulation précise des items, qui réfèrent directement aux situations d'enseignement. C'est le référentiel le plus contextualisé de la série. 


C2I Métiers de la santé. Le référentiel compte 16 compétences, très proches de celles qui composent le référentiel du C2I Métiers du droit. Là encore, la sécurisation et la confidentialité des données, la recherche d'information spécialisée et le lien avec l'usager (de l'administration électronique dans le cas des métiers du droit, du dossier électronque de santé pour les métiers de la santé) figurent au premier rang des priorités.



C2I Métiers de l'ingénieur. Le référentiel compte 24 compétences. S'il est bien un domaine hétérogène, vaste et qui s'exerce dans de multiples contextes, c'est celui des sciences de l'ingénieur. C'était une gageure que de constituer un référentiel de compétences numériques adaptables à toutes les situations professionnelles. Et cela n'a pas été totalement réalisé. Le C2I Métiers de l'ingénieur place très haut les compétences nécessaires à la gestion d'un système d'information. Combien d'ingénieurs parmi les agronomes, les chimistes, les mécaniciens... assureront effectivement cette responsabilité ? Plus pertinente est la place donnée à l'animation des processus de travail collaboratif et distants, qui ont effectivement pris une place importante dans les processus de travail habituels.


C2I Métiers de l'environnement et de l'aménagement durables. Le référentiel compte 21 compétences. Et il laisse songeur. En effet, la spécificité de ce domaine d'activité est totalement absente. N'en aurait-il pas ? Les compétences listées s'inspirent très largement du C2I niveau 1, en principe acquis par tous les étudiants. Souhaitons que ce référentiel très récent trouve son identité car pour le moment, il est peu crédible car trop généraliste.


Les compétences transversales

Dans tous ces référentiels apparaissent des compétences communes, qui reflètent la vision de la société française (et surtout, ses autorités d'enseignement supérieur) face au monde numérique, ses dangers et son potentiel.

La question juridique est omniprésente, quel que soit le référetiel considéré. C'est dans le C2I Métiers de l'enseignement qu'elle est la moins prégnante, alors même que les enseignants sont confrontés chaque jour aux pratiques des jeunes, qu'on qualifie volontiers d'ignorantes du droit. Propriété intellectuelle, droit d'auteur, droit à l'image, respect des droits des personnes, respect des obligations légales... constituent manifestement un champ d'action qu'il faut apprendre à maîtriser, quelle que soit la profession exercée. Le juriste est évidemment considéré comme le spécialiste de ces questions, mais il apparaît clairement au travers de ces référentiels que tout le monde doit aujourd'hui posséder une culture juridique minimale pour naviguer tranquillement sur Internet et utiliser ses ressources. 

La capacité à mettre en place une veille professionnelle est également un domaine de compétences présent dans tous les référentiels. Cet ensemble de compétence est très développé dans le référentiel Métiers de l'ingénieur, dans la mesure où ce dernier est implicitement désigné comme responsable du système d'information de l'entreprise dans laquelle il exerce ses fonctions.

Le travai collaboratif à distance est présent dans tous les référentiels, à des degrés divers. Les ingénieurs, les enseignants, les spécialistes de l'environnement, sont mis en situation d'animer des processus collaboratifs d'échange et de production de ressources. Ce n'est pas le cas des juristes et des professionnels de la santé, plutôt positionnés comme utilisateurs.

La formation à distance n'est expressément mentionnée que dans les référentiels de compétences Métiers de l'enseignement et Métiers du droit. C'est surprenant, dans la mesure où les ressources abondent dans tous les domaines et ciblent bien souvent des professionnels débordés qui ne peuvent se permettre de quitter leur poste de travail pour aller en formation. 

Le rapide examen comparé de ces cinq référentiels montre que chacune des équipes ayant présidé à leur élaboration a travaillé sans contact avec les autres, sinon au plus haut niveau, celui de la coordination générale assurée par le Ministère de l'enseignement supérieur. Reflètent-ils des cultures de travail propres aux domaines couverts ? Il est difficle de le savoir. Il faudra attendre que soient organisés des retours d'expérience à grande échelle pour apprécier l'adéquation de ces référentiels de compétences avec les filières professionnelles concernées.

Le site des C2I, Ministère de l'enseignement supérieur et de la recherche


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