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Publié le 08 avril 2014 Mis à jour le 08 avril 2014

Déshabillez-moi ....

La technologie de la société Affectiva décoderait nos émotions et notre psychologie.

Rosalind Picard est directrice du Groupe de recherche sur l’informatique affective au Massachusetts Institute of Technology (MIT) et cofondatrice d’Affectiva, start-up spécialisée dans les technologies de mesure de l’émotion. Cette entreprise a mis au point il y a quelques années une paire de lunettes dont la fonction est d’aider celui qui la porte à décoder les émotions de son interlocuteur. Depuis, la société a rendu disponible sa technologie sous le nom d'Affdex et peut être intégrée à d'autres supports que les lunettes, y compris à des terminaux mobiles. L’intérêt de cette innovation serait de nous aider à mieux nous comprendre mutuellement.

 

 Quelle utilité ?

Cette idée avait été impulsée par Rana el Kaliouby à l’Université de Cambridge (RU) il y a quelques années afin d’améliorer les relations sociales de personnes autistes en leur permettant de décoder plus facilement certaines émotions non verbales. A l’issue de cette étude des émotions faciales ont pu être identifiées et répertoriées. C’est à partir de ces travaux que Rosalind Picard a développé un logiciel permettant de décoder les micromouvements de nos visages et de les interpréter grâce à une banque de données compilant des expressions connues.

L’intelligence émotionnelle mobilise de nombreuses entreprises qui désirent dénicher et conserver des talents. Sachant que nous ne serions que 54 % à pouvoir interpréter correctement les mimiques de notre interlocuteur, de telles lunettes permettraient d’identifier les intentions d’un candidat ou la réelle motivation d’un employé.

Outre ces possibilités, Affectiva a trouvé une niche dans le domaine du marketing et de l'étude d'impact des campagnes de communication. Cette technologie a été déployée au delà des lunettes puisqu'il est aujourd'hui possible à partir d'une simple caméra ou d'applications vidéo d'analyser vos émotions faciales.

 

Comment est-ce possible ?

Une petite caméra repère et surveille 24 points du visage. Les mouvements sont ensuite analysés et sont retranscrits sous la forme de signaux de couleurs rouges, jaunes et verts selon que les émotions sont perçues comme négatives, neutres ou positives et d'un accompagnement audio.

 

Ce que disent ceux qui ont tenté l’expérience

Voici ce que Sally Adee, journaliste du New Scientist, a découvert lors d’une interview avec Rosalind Picard il y a quelques années.

Les yeux de Rosalind Picard étaient grands ouverts. Je ne pouvais la blâmer. Nous étions assises dans son bureau au Media Lab du MIT, et mes questions étaient étonnement incisives. En fait, je commençais à soupçonner que j’étais l’une des plus avisées journalistes qu’elle ait rencontrés, jusqu’à ce qu’elle me tende ces lunettes. A l’instant où je les mis, je découvris que je me trompais. J’ai réalisé que son regard d’admiration traduisait en fait de la confusion et du désaccord. Pire, elle s’ennuyait. Une petite voix me le murmurait à mon oreille via une oreillette attachée à la lunette. Elle me disait que Picard était déconcertée ou en désaccord avec moi. Une lumière rouge clignotait au-dessus de mon oeil droit pour me prévenir d’arrêter de parler. C’était comme si j’avais développé un sens supplémentaire.

 

Les limites du logiciel

Seules 64 % des expressions du visages sont identifiées correctement par le logiciel d’Affectiva. Ainsi peut-on réellement distinguer sourire de joie et sourire de bienséance ou de frustration ? Comment peut-on intégrer la dimension culturelle qui façonne certaines émotions visibles sur notre visage ?

De plus, peut-on uniquement se baser sur les expressions faciales pour analyser un comportement ou une psychologie ? Nous savons depuis longtemps que le langage du corps, la musique de la voix sont aussi des indices qui nous trahissent. Sur ce dernier point, Alex Pentland du MIT a mis au point des badges sociométriques prenant en compte une serie d'indices tels que les paroles, le volume, mais aussi le ton et l’agressivité.

 Enfin, de telles innovations obligent à une réflexion éthique sur l'incursion de l'Autre dans notre sphère intime. Les chercheurs mettent en garde contre une utilisation à l'issu des individus mais comment et qui pourra en contrôler l'usage ? Comment l'Homme construira-t-il ses relations sociales dans ce cadre ?

 Illustration : Ollyy, Shutterstock.com.

Références :

Affdex.com : http://www.affdex.com/ 

Comment fonctionne Affdex (en anglais) : 
http://www.affdex.com/technology/how-affdex-works/ 

Ha, Anthony. "Affectiva Launches An SDK To Bring Emotion Tracking To Mobile Apps." TechCrunch. 13 février 2014. http://techcrunch.com/2014/02/13/affectiva-mobile-sdk/.

Guillaud, Hubert. "Augmenter notre intelligence émotionnelle « InternetActu.net." InternetActu.net. Date de publication 15 novembre  2011. http://www.internetactu.net/2011/09/15/augmenter-notre-intelligence-emotionnelle/.


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