Quand donc les idées, les structures ou les savoir-faire méritent-ils d’être intégrés plutôt qu’abandonnés?
Si l’on prend comme exemple les technologies vidéo, les langages de programmation ou les langues tout court, on s’aperçoit qu’elles croissent, persistent, se transforment ou disparaissent à la mesure de leur utilisation. Leur "mérite " doit constamment être actualisé; s’il peut l’être, on y investira, on s’y investira; s’il ne le peut pas on mettra ses énergies ailleurs.
En éducation se sont pointés coup sur coup l’ordinateur accessible, l’Internet accessible et bientôt ce sera le livre électronique accessible : les merveilles de la numérisation ouvrent de plus en plus les portes et permettent de plus en plus d’échanges.
Et voilà plusieurs innovations qui touchent au coeur et aux poumons du système d’éducation : adieu aux tours d’ivoire, à l’uniformité, aux connaissances réservées et bienvenue au travail d’équipe, à la diversité et au partage d’informations.
Qui peut prévoir l’avenir de ces classes où tous les individus suivent le même contenu et au même rythme? Quel est l’avenir de ces institutions de formation à distance qui distribuent encore leur matériel sans aucune référence à Internet?
Certaines institutions perdurent depuis des centaines d’années et si on y a déjà enseigné le grec et la théorie de la création en faisant répéter par coeur, aujourd’hui on ne le fait plus. Pourtant ces institutions sont toujours là.
Ce qui fait que des systèmes, des organisations ou des savoir-faire durent ou non tient essentiellement à ce qu’ils sont au service d’une vision. Si un meilleur système apparaît, l’ancien sera abandonné s’il ne s’adapte pas. Meilleur ne veut pas nécessairement dire de meilleure qualité (Beta était supérieur à VHS et OS1 supérieur à DOS) mais bien meilleure correspondance, mieux accordé à la vision qui l’alimente.
Et si les individus ne veulent plus s’impatienter dans des classes à attendre le reste du groupe, à suivre des cours rigides sans relations avec leurs intérêts réels ou à étudier des données obsolètes dans un futur toujours plus rapproché, il faudra bien changer nos façons de faire.
Les produits demandés sont des cours sur mesure avec les ramifications spécialisées pertinentes, des contenus évolutifs et des liens actifs avec le monde d’aujourd’hui, du support personnel et des projets qui donnent du sens à l’ensemble. Et que dire des professeurs? Ils seraient sans doute plus heureux de diriger des projets et de guider des étudiants dans une mer de données que de leur répéter un contenu figé et d’avoir à contrôler l’uniformité de la progression de leur apprentissage.
Les outils et les principes de bases sont là. À nous de les intégrer. À moins que nous préférions disparaître.
La couleur est plus attrayante que le noir et blanc. La diversité est plus stimulante que l’uniformité. L’abondance est plus rassurante que la rareté. L’interactivité est plus forte que la passivité et la communication, plus joyeuse que le silence.
Denys LamontagneRédacteur en chef
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