La littérature est un couteau
suisse. Elle permet à l’enfant de grandir, à l’entravé de s’affranchir, au
révolté de s’apaiser, à l’inquiet de retrouver la sérénité et à l’errant, elle
procure un refuge. Cette propension est liée au pouvoir de l’écrit à faire
rêver. Un pouvoir décuplé par l’irruption des TIC. En effet, dans une logique
d’accordéon, les TIC permettent à la fois de concentrer les ressources en un
seul endroit, comme le montre l’Atelier Bovary
consacré à l’étude de l’œuvre majeure de Flaubert, ou, à l’inverse, de faire
voyager le lecteur en associant à l’outil Google Earth des
textes littéraires. Et plus précisément les périples des héros littéraires,
à commencer par le plus connu d’entre eux, l’Iliade et l’Odyssée. Ou encore,
exemple donné par le site, le non moins fameux Énéide de Virgile.
Dans tous les cas, le rapport
entre les TIC et la littérature se révèle être un mariage
heureux. Mais au-delà de ces exemples évidents, comment peut-on enrôler les
TIC pour valoriser l’écrit ? La réponse est tout sauf évidente car les
usages pêchent le plus souvent par un manque d’originalité.
Lire pour grandir et
s’émanciper
Pour la littérature comme pour
tout autre objet d’apprentissage l’élément clé réside dans la pertinence du
projet pédagogique. Ce souci existe-t-il au niveau des programmes
d’enseignement ? Un très riche dossier de
veille de l’Institut national de la recherche pédagogique (INRP) permet de faire le point de ce qui se
fait dans certains pays européens. On y apprend notamment comment la
littérature participe à la culture humaniste mais aussi, à la construction des
compétences pour atteindre un socle commun des connaissances.
Mais la littérature peut
également se révéler être un formidable outil d’émancipation nationale comme
nous le montre l’exemple
finnois. Il faut bien le reconnaître, la littérature n’a jamais été très éloigné
du pouvoir politique. Les exemples abondent, du leader indépendantiste
américain Thomas
Jefferson au poète président sénégalais Léopold
Sédar Senghor en passant par François Mitterrand, la
plume a toujours exercé une fascination sur les hommes du pouvoir. Pourquoi
cette rencontre a priori improbable ? La littérature n’est-elle pas
contemplation lorsque la politique est action ? Est-ce justement parce qu’ils
sont éloignés que ces deux mondes s’attirent ? Peut-être.
La force des mots
Mais n’est-ce pas finalement le
seul pouvoir du verbe qui explique la force de l’écrit littéraire et en fait
une arme pour s’émanciper ou… dominer ? La littérature garde assurément
une part de mystère et c’est en cela qu’elle nous fascine. Un mystère que
savent mettre en avant les plus expérimentés des pédagogues pour subjuguer
leurs étudiants. Et leur apprendre à s’émouvoir, à aimer le beau et à respecter
l’autre dans sa différence. Bref les aider à acquérir toutes les valeurs
essentielles de la vie. Une réponse à tous ceux, hélas nombreux, qui se posent
cette question : enseigner et apprendre
la littérature aujourd’hui, pour quoi faire ?
Il est possible de tenter aussi
cette réponse : apprendre la littérature est la promesse de détenir une
clé pour découvrir et comprendre le monde qui nous entoure. Les TIC nous
offrent la possibilité inouïe d’accéder de plus en plus facilement aux trésors
littéraires de l’Humanité. Mais aussi de faire des recherches de plus en plus
sophistiquées sur les corpus littéraires. Ce faisant, sans totalement réduire
la part de mystère qu’ils recèlent – heureusement -, les sésames logiciels nous
font un peu plus aimer ces chefs d’œuvre en mettant à jour leur intemporalité.
Ils permettent aussi de déceler derrière la beauté des mots l’intention de l’auteur,
la geste qui a inspiré son œuvre. Tout ce qui précisément fait de son projet d’écriture
une réalité à la fois unique et universelle, dont la transmission est
essentielle pour construire
l’honnête homme du XXIe siècle.
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