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Publié le 14 janvier 2014 Mis à jour le 14 janvier 2014

MOOC ? Non, merci disent-ils...

Des voix réticentes s'élèvent ça et là, qui rappellent fortement les critiques portées contre l'e-learning voici quinze ans...

À l'heure du début des cours sur la plateforme France Université Numérique (FUN), et l'entrée en lice du portail OCEAN, entièrement dédié aux Formations en Ligne Ouvertes à Tous (FLOTs) dans le domaine des sciences ouvrant ainsi largement les horizons des Moocs pour le monde francophone, ces nouveaux choix alimentent des analyses et des débats passionnés et passionnants, comme lors de l'implémentation de toute innovation, serait-on tenté de penser. 


Les syndicats dans leur rôle

Le 26 décembre dernier, un collectif anti-MOOC passe à l'attaque en publiant  dans Libération un communiqué laconique, rédigé par Solidaires Etudiants, la CGT Ferc-Sup et l’Unef de l’ENS et qui met en garde contre l’uniformisation des cours, la standardisation pédagogique et le taux d’échec impressionnant des internautes suivant de tels enseignements. Ce communiqué reflète les appréhensions d'une frange du corps enseignant essentiellement en rapport avec l'inconfort généré par l'inéluctable refonte de schémas et de pratiques rôdés que le monde de l'éducation  devra affronter et parallèlement avec le statut d'enseignant qui ne cesse d'évoluer : modèle, encadrant, accompagnant, guide, agissant en présence et/ou à distance, partageant ses prérogatives avec les étudiants (co-construction des connaissances, évaluation par les pairs,etc.). Que dire entre l'idéal représenté par les Moocs "permettre un accès gratuit au savoir à tous, n’importe où, grâce à une simple connexion internet" et la mise en oeuvre qui ne manquera pas de divulguer les manques ou incohérences de cette façon de faire, sinon que tout le monde est convaincu que la palette des solutions sera multiforme.

Raphaël Lauer nous invite à nous interroger avec un billet intitulé MOOC : Révolution ou Supercherie ?  Pour lui concrètement un MOOC c'est un outil de diffusion de la connaissance, universel et massif (contenus scolaires, organisés sous forme de cours théoriques, exercices et évaluations) avec ses deux variantes : les cMOOCs, dont les apprenants créent les contenus et corrigent les évaluations et les xMOOcs, qui ont pour but de valider par un diplôme ou un certificat les connaissances acquises. 


Les mêmes vieux démons réapparaissent... 

L'auteur émet des réserves car il croit à la suprématie du présentiel dans l'acquisition des connaissances et la communication directe entre les intervenants. Il soulève également la question de la (dé)motivation des étudiants par le seul numérique et la question budgétaire qui menace la pérennité du projet notamment pour les institutions les moins nanties.

La défiance envers les Moocs me semble somme toute s'inscrire dans l'ordre des choses et me rappelle des attitudes et des ressentis hostiles au e-learning, au réseautage et autres projets participatifs. Au début de la constitution des réseaux disciplinaires et des communautés de pratiques, la propension au partage des ressources et l'échange des expériences n’était pas évidente. Les réticents tiraient la corde du côté du conservatisme et du repli sur soi et ne considéraient pas d’un bon oeil qu’on vienne s'immiscer dans leur chasse gardée : leurs cours, leurs évaluations, leurs relations avec leurs étudiants.

Il y a deux craintes qui résultent de l’instinct de conservation d'un état qu'on estime meilleur:

  • être supplanté dans son rôle de personne ressource attitrée, de détenteur du savoir, de référence en la matière dans le milieu restreint et sécurisant où on évolue
  • dévoiler ses pratiques et être le point de mire des autres, être critiqué ou épinglé sur une faute ou erreur et subir en conséquence la raillerie et la déconsidération à grande échelle.

Alors que le mouvement général qui l’a heureusement emporté cherchait l’enrichissement des contenus, la valorisation des bonnes pratiques, la construction collective. Les cours en ligne ont fleuri, les approches pédagogiques se sont développées et améliorées. Avec le temps et le recul, on voit bien que le e-learning s'est diversifié car il ne peut y avoir de réponse unique à des besoins multiples: modalités hybrides, cours en autonomie, cours tutorés, etc.

Côté Mooc, l'aventure ne fait que commencer et tout le monde a intérêt à faire ses preuves et ses jugements en y participant.

Références

Intellego : "Numérique: Un collectif anti-MOOC passe à l'attaque - actualités - Intellego.fr." Consulté le 13 janvier 2014.

http://www.intellego.fr/actualites/education/un-collectif-anti-mooc-passe-a-l-attaque/14319.

Lauer R. : "MOOC : Révolution ou Supercherie ?" Sydologie – toute l'innovation pédagogique ! Consulté le 14 janvier 2014.

http://sydologie.com/2014/01/mooc-revolution-ou-supercherie/.

Image Source: Macie Hall/MOOC Wordle 


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