La création de plateformes de ressources pédagogiques par les instances gouvernementales n'étonne plus personne. Aujourd'hui, il est essentiel de pouvoir offrir aux élèves et enseignants différentes ressources pédagogiques sur Internet, sans considérations financières. La France l'a fait il y a 5 ans avec son Académie en ligne qui propose du matériel gratuit du cours préparatoire à la terminale.
L'Inde a créé une plateforme similaire au mois d'août 2013, le National Repository of Open Educational Resources (NROER). Il serait facile de juger cette initiative en affirmant que ce pays en développement est en retard sur le mouvement mondial. Pourtant, pour les partisans des ressources libres, l'Inde est bien plus en avance que la France qui est entrée dans le bal il y a déjà 5 ans.
Une plateforme véritablement libre
Souvent, nous faisons l'erreur cognitive d'amalgamer la gratuité et le mouvement « open ». Une ressource peut être gratuite sans qu'il soit possible de la copier, de la reprendre ou de la modifier. Par exemple, le CNED a l'entièreté des droits sur le matériel comme cela est indiqué dans les conditions d'utilisation. Ce qui a provoqué l'ire, à l'époque, des blogueurs comme ceux de Framablog qui luttent ardemment pour que la philosophie du libre se propage sur la Toile. Pour eux, l'Académie en ligne n'offre qu'une bête numérisation de différents manuels scolaires aux élèves et enseignants, sans que ceux-ci puissent s'en emparer et adapter le matériel à leur réalité.
L'Inde a, pour sa part, jeté son dévolu sur une licence Creative Commons BY-SA, c'est-à-dire qu'il est permis de partager et de modifier le document original. Les étudiants et enseignants indiens ont droit à des milliers de ressources vidéos, de textes, d'objets interactifs, de sons et d'images qui couvrent les différentes matières scolaires.
Pourquoi avoir opté pour cette licence ? Le ministre indien Sashi Taroor a affirmé que cela était en accord avec la déclaration de Paris de l'UNESCO sur les ressources éducatives libres. Une façon pour tous les Indiens (et les internautes d'autres pays) d'avoir accès à une banque de ressources pédagogiques solides et qui peut s'agrandir.
Le dernier point est important et positif pour le National Repository of Open Educational Resources. En usant de cette licence Creative Commons, la plateforme peut beaucoup plus facilement s'enrichir de contributions d'internautes. D'ailleurs, le NROER a une page expliquant comment proposer de nouveaux documents éducatifs sur la plateforme.
L'exemple de l'initiative indienne montre que le niveau de développement d'une société passe aussi par sa politique de diffusion des oeuvres de l'esprit et qu'en la matière, l'Inde ne semble pas avoir de leçons à recevoir de pays plus riches. Pour les partisans du libre, le NROER trace la voie pour les futures plateformes de ressources pédagogiques et celles qui sont déjà en ligne. Reste à savoir si les instances publiques françaises imiteront éventuellement la manoeuvre indienne ou s'ils se cantonneront à leur philosophie de départ.
Références :
Académie en ligne : tous les cours de l'année en accès gratuit. Consulté le 10 janvier 2014. http://www.academie-en-ligne.fr/default.aspx.
Framablog. "L'académie en ligne ou la fausse modernité de l'Éducation nationale." Dernière mise à jour : 29 juin 2009. http://www.framablog.org/index.php/post/2009/06/29/academie-en-ligne-cours-ete-education-nationale.
NROER | National Repository of Open Educational Resources. Consulté le 10 janvier 2014. http://nroer.in/home/.
Park, Jane. "India launches National Repository of Open Educational Resources." Creative Commons. Derière mise à jour : 14 août 2013. http://creativecommons.org/weblog/entry/39342.
Framablog. "Quand l'Inde montre l'exemple en éducation (et en France ?)." Dernière mise à jour : 9 septembre 2013. http://www.framablog.org/index.php/post/2013/09/09/inde-ressources-educatives-libres.
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