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Publié le 22 octobre 2013 Mis à jour le 16 novembre 2023

G. Siemens et l'avenir de l'enseignement supérieur

La formaiton à distance, les étudiants, l'évaluation... et les MOOCs.

<a href="http://www.elearnspace.org/about.htm">Stephen Downes </a>(CC-BY-1.0  Wikimedia)

George Siemens est un auteur, un théoricien et un chercheur dans les domaines de l'apprentissage, des réseaux, des technologies, de l'analytique et de la visualisation de données, de l'accès libre et de l'efficacité organisationnelle dans les environnements numériques (présentation sur la page de l'institut TEKRI à l'Université d'Athabasca). En 2008, il a réalisé le premier MOOC, en collaboration avec Stephen Downes. Pour notre dossier de cette semaine sur l'avenir de l'enseignement supérieur, nous avons rencontré George Siemens le 24 septembre dernier, via Skype.

The original interview in English is HERE.

De Winnipeg, Manitoba, vous êtes allé occuper un poste en Alberta, à l'Université d'Athabasca (Canada's Open University). Qu'est ce qui a motivé ce changement ?

Le Red River College de Winnipeg, où j'ai enseigné durant les années 1990, était le premier collège à offrir un programme éducatif qui utilisait les ordinateurs portables. C'est à ce moment-là que j'ai développé un intérêt pour la recherche sur l'apprentissage en ligne, sur l'impact de l'e-learning sur les étudiants, sur l'apprentissage en soi et sur l'accès au curriculum. En 2005, j'ai joint l'Université de l'Alberta pour poursuivre des recherches sur l'apprentissage et l'enseignement à l'aide des nouvelles technologies. Puis, en 2009, j'ai rejoint l'Université d'Athabasca, la plus grande des quelques rares universités canadiennes à offrir des formations en ligne. Je suis donc passé de l'enseignement en présence à l'enseignement uniquement à distance à l'AU, où je suis également chercheur au TEKRI (Technology Enhanced Knowledge Research Institute) et où je supervise les étudiants à la maîtrise et au doctorat.

Apprentissage ouvert en ligne : y a t-il encore de la résistance ?

L'Université d'Athabasca n'a pas de problème de recrutement, avec ses 42 000 étudiants. Les étudiants qui s'engagent dans une formation en ligne ne sont pas des apprenants traditionnels ; ils ont besoin d'une flexibilité, dûe à des circonstances de vie, par exemple des gens employés à temps plein ou qui ne peuvent déménager pour étudier. Certains étudiants veulent essayer un cours avant de s'inscrire au programme complet pour voir si celui-ci leur plaît.

Cependant, il y a encore des réticences face au e-learning et à l'apprentissage en ligne par rapport à l'apprentissage traditionnel. On s'inquiète du fait que ce type d'enseignement pourrait faire diminuer le professionnalisme dans les facultés et mettre plus de pression sur les enseignants, dont certains deviendraient des stars tandis que d'autres seraient en quelque sorte leurs assistants. Nous devons faire connaître la valeur du e-learning et de l'apprentissage en ligne. Le fait que de grandes universités prestigieuses adoptent l'éducation ouverte en ligne contribue à cette reconnaissance. L'éducation en ligne est le marché éducatif qui progresse le plus rapidement actuellement, que ce soit aux niveaux primaire et secondaire, dans les universités ou dans des contextes corporatifs. La croissance est très forte.

Comment entrevoyez-vous l'avenir des relations entre les étudiants et les professeurs dans ce monde changeant de l'enseignement supérieur ?

Il est difficile de le prédire. Plus d'étudiants ont maintenant accès à l'éducation. Ils sont plus habiles à s'organiser eux-mêmes. Ils interagissent plus directement avec les membres des facultés. Ils créent leur propre plateforme d'apprentissage pour s'impliquer et s'engager dans un large éventail d'activités : l'expérience de l'apprentissage est menée par les étudiants eux-mêmes.

Quelle est la place des MOOCs dans l'enseignement supérieur ?

Dans leur forme actuelle, les MOOCs dépendent des universités. Il est nécessaire de conserver un coût aux études pour obtenir une reconnaissance formelle des diplômes de maîtrise et de doctorat. C'est le contenu qui est ouvert. Les MOOCs ne remplaceront pas les universités ; ils contribueront plutôt à les rendre plus ouvertes et à amener une plus grande partie de la population à l'éducation. Par ailleurs, les MOOCs peuvent aussi servir d'outil de marketing pour aider les universités à faire la promotion de leurs programmes.

La validation est essentielle à l'apprentissage dans les contextes traditionnels ; comment peut-elle évoluer dans un contexte d'éducation ouverte en ligne ?

Les MOOCs auront une place plus grande dans l'avenir mais le besoin de valider et de faire la preuve de l'apprentissage sera toujours là. Actuellement, la validation des apprentissages pour les MOOCs est très élémentaire ou alors inexistante. Elle n'est pas encore définie. Il y en a quelques exemples, notamment celui de la Georgia Tech en collaboration avec Udacity et AT&T (ndlr : Massive Online Master's Degree in Computer Science que les étudiants peuvent compléter exclusivement dans un contexte de MOOC pour une fraction du prix du programme traditionnel). Un autre exemple se retrouve sur la plateforme edX, qui offre divers types d'évaluation et un signature track program (ndlr : honor code certificates et ID verified certificates). Mais ces exceptions ne représentent pas la norme. Dans l'avenir, il se pourrait que nous fassions confiance à d'autres entités ou à d'autres organisations (par exemple des compagnies comme edX) pour effectuer la validation des apprentissages.

Nous assistons à un accroissement des expérimentations dans le domaine de l'apprentissage, et c'est très bien ainsi, c'est ce dont nous avons besoin. De nouveaux modèles et des systèmes variés sont en développement. Nous avons besoin de ces expériences, à l'intérieur comme en-dehors des environnements d'apprentissage traditionnels, que ce soit sur les plateformes P2PU, Coursera, edX (universitaire) ou Udacity (mixte universitaire et non universitaire).


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