L’atelier d’écriture de contes de fées de la BnF
L’atelier d’écriture de contes de la Bibliothèque nationale de France vous propose d’inventer vous-même un récit à partir d’une sélection d’ingrédients d’un conte.
Publié le 28 juillet 2013 Mis à jour le 28 juillet 2013
La plupart d'entre nous ont connu les contes classiques durant l'enfance. Blanche-Neige, Le petit chaperon rouge, la Belle au bois dormant, etc. Tous ces contes classiques ont été adaptés et transformés à maintes reprises, en particulier par les studios Disney, qui les inondent de gentils princes, de belles princesses et de fins heureuses. Or, ces adaptations consensuelles cachent la réalité plutôt sombre de ces contes.
Il existait déjà certains contes noirs dans les livres pour enfants. Barbe-Bleue, entre autres, qui racontait tout de même l'histoire d'un homme qui tuait ses épouses trop curieuses, était à des lieues du conte de fées traditionnel. En réalité, la majorité des oeuvres des conteurs sont très sombres. Par exemple, saviez-vous qu'à la fin de la version originale de Cendrillon, les méchantes belles-soeurs se mutilent les pieds pour pouvoir enfiler les escarpins de verre et qu'elles finissent leur vie en errant dans les rues, les yeux crevés par les oiseaux? Que la charmante Boucle d'Or est déchiquetée et dévorée par les trois ours habitant la maison où elle était entrée par effraction?
Meurtre, torture, suicide, cannibalisme : tous ces sujets sont traités sans gêne par les auteurs de l'époque comme l'évoque cet article publié sur madmoizelle. Cela s'explique par le fait que les contes avaient pour but de transmettre une morale claire pour ceux qui les écoutaient. Par exemple, l'histoire du Joueur de flûte de Hamelin indique qu'il ne faut pas jouer les avares avec ceux qui nous rendent service. Sinon, nous pourrions perdre bien plus que nos sous. En fait, comme le rappelle un journaliste et blogueur anglais, les frères Grimm avaient même refusé la proposition de leur éditeur afin qu'ils soient inscrits sur la couverture « Contes pour les enfants et la maison ». Comme quoi ils savaient que le ton de leur ouvrage était davantage pour les 18 ans et plus plutôt que pour les petits enfants...
Si les contes de fées ont été édulcorés par les studios de Disney et par les auteurs contemporains, les comptines aussi cachaient, à l'origine, des insinuations plutôt troublantes. Peut-être croyiez-vous que la comptine « À la claire fontaine » était une délicieuse mélodie sur un cœur en peine ? Et pourtant, comme nous l'apprend Caroline Guillot dans le Nouvel Observateur, il s'agit d'une des chansons les plus grivoises jamais composées, remplie de double sens équivoques. Lors de la rébellion des patriotes au Québec en 1837 et 1838, ceux-ci la chantaient fréquemment entre les combats.
« Jean Petit qui danse ». Vous devez connaître cette chanson souvent fredonnée avec les enfants. Saviez-vous qu'elle dénonce, en fait, la torture de la roue infligée à un homme qui avait été arrêté pour vol ? Un larcin qu'il avait commis afin que lui et sa famille puissent subsister. Ainsi, sa « danse » représente davantage les torsions de douleurs plutôt qu'un gai déhanchement. Dire qu'avec le temps, ces chansonnettes cruelles se sont métamorphosées en airs amusants fredonnés dans les crèches par les enfants...
Si la tendance pendant plus de 50 ans a été d'abaisser le niveau de noirceur originel des contes, il semble qu'elle se soit inversée en cette décennie. En effet, Hollywood a envie de montrer cette facette sinistre, afin d'attirer de nouevaux publics. Par exemple, en 2012, sortait le long-métrage Blanche-Neige et le Chasseur qui renouait avec le côté plus sombre du conte traditionnel. En 2013, Hansel et Gretel sont devenus des chasseurs de sorcières et Jack, de Jack et le haricot magique, a participé à une guerre contre les géants. Les Américains aiment tellement l'aspect sombre des contes qu'ils s'intéressent désormais autant aux méchants qu'aux gentils. En 2014, un film se concentrera sur Maleficent, la diabolique fée de la Belle au bois dormant. Hélas, ce goût pour les méchants ne s'accompagne pas toujours de la délicatesse nécessaire pour traiter l'ambigüité des personnages et des situations...
À la télévision aussi, le conte revêt ses sombres habits. Dans la série fantastique/policière Grimm, le héros est un descendant des célèbres conteurs qui doit combattre des créatures provenant des contes. Dans Once upon a Time, série produite par Disney et conçue par deux auteurs ayant travaillé sur la série Lost, la méchante Reine de Blanche-Neige a plongé tous les habitants du pays des contes dans notre réalité. Ils ont ainsi oublié leur véritable identité et sont prisonniers d'une petite ville côtière des États-Unis. Seule elle et Tracassin (Rumplestiltskin) connaissent la vérité sur la malédiction. La série qui en sera à sa troisième saison cet automne prend d'ailleurs énormément de liberté avec les histoires originales, modifiant les récits et les personnages. Par exemple, le méchant de la prochaine saison sera Peter Pan !
Les contes de fées et les comptines stimulent l'imagination des enfants et des adultes depuis des siècles. Si les versions d'origine étaient brutales et sans appel sur leur morale, les mentalités ont évolué et aujourd'hui, nous préférons que les petits soient en contact avec la Cendrillon de Disney plutôt qu'avec son ancêtre immortalisée par Charles Perrault. De leur côté, au contraire, les adultes sont de plus en plus intéressés par leur aspect sombre. Ce qui satisferait bien les frères Grimm.
Illustration: Gladskikh Tatiana, shutterstock
Références :
Bibliobs avec Le Nouvel Observateur. "Faut-il interdire les Contes de Grimm aux enfants?" nouvelobs.com. Dernière mise à jour : 21 octobre 2009. http://bibliobs.nouvelobs.com/actualites/20091021.BIB4240/faut-il-interdire-les-contes-de-grimm-aux-enfants.html.
Guevara, Chien. "Jean petit qui danse : une chanson pour enfant, qui ne devrait pas l’être..." AgoraVox. Mise à jour : 2 mars 2010. http://www.agoravox.fr/culture-loisirs/article/jean-petit-qui-danse-une-chanson-70787.
Guillot, Caroline. "Ces comptines que vous n'oserez plus chanter à vos enfants." Le Nouvel Observateur Le Plus. Dernière mise à jour : 20 juin 2013. http://leplus.nouvelobs.com/contribution/890197-ces-comptines-que-vous-n-oserez-plus-chanter-a-vos-enfants.html.
Guinhut, Hélène. "Sombres contes de fées | Hors les murs." Ipjblog.com. Dernière mise à jour : 21 novembre 2011. http://ipjblog.com/horslesmurs/2011/11/21/sombres-contes-de-fees/.
Parker, Jack. "La Vérité sur les contes de fées." madmoiZelle.com. Dernière mise à jour: 12 août 2010. http://www.madmoizelle.com/contes-de-fees-10141.
Parker, Jack. "La vérité sur les contes de fées – suite." madmoiZelle.com. Dernière mise à jour : 13 août 2010. http://www.madmoizelle.com/contes-de-fees-2-12429.
Accédez à des services exclusifs gratuitement
Inscrivez-vous et recevez nos infolettres en pédagogie et technologies éducatives
Vous pourrez aussi indexer vos ressources préférées et retrouver votre historique de consultation
M’abonner à l'infolettre