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Publié le 18 juin 2013 Mis à jour le 18 juin 2013

TIC et entrepreneuriat social : le pari réussi de l’Afrique

Partout en Afrique, des jeunes inventent des produits qui facilitent la vie du grand public. Et ces produits bénéficient souvent de l'apport des TIC.

L’Afrique est un continent en pleine mutation, s’accorde-t-on à dire. Une mutation largement influencée par les TIC, domaine dans lequel les Africains se distinguent par la manière dont ils s’approprient ces technologies et l’usage qu’ils en font. Et même si aucun pays africain ne figure dans le top 50 du rapport 2012 de l’Union Internationale des Télécommunications, les grandes avancées technologiques observées sur le continent au cours de ces dernières années et le développement de l’entrepreneuriat social qu’elles stimulent (ou qui les stimulent, c’est selon) ne sont plus un secret pour personne. Ainsi, il est temps de se pencher sur les liens réels entre les TIC et l’entrepreneuriat social en Afrique, les écueils auxquels se heurtent éventuellement les initiatives sociales basées sur l’usage des TIC en Afrique et surtout sur la place qu’occupe l’éducation dans ces initiatives.

Les TIC comme facteur d’émergence de l’entrepreneuriat social en Afrique

 

L’accès aux technologies de l’information et de la communication a connu des progrès remarquables au cours des ces dernières années en Afrique. Si aujourd’hui par exemple, comme l’affirme Dominique Desaunay sur RFI « croire que les pays dits en développement n’investissent pas ou peu le web est un non-sens », c’est que les faits parlent d’eux-mêmes. Et ceci ne se limite pas uniquement à l’appropriation du web.   

Santé, éducation, société, développement durable et même politique l’entrepreneuriat social en Afrique n’épargne aucun domaine. Qu’il s’agisse de vulgariser la télémédecine, d’améliorer les conditions de vie et/ou d’apprentissage des populations rurales par exemple, du Cameroun au Kenya en passant par le Burkina Faso, le Sénégal ou encore le Nigéria, les initiatives sont légions et pratiquement aucun pays n’est en reste.

Un dynamisme qui ne date pas d’hier, à en croire le site Kumatoo.com qui met en valeur le génie africain en présentant quelques uns des inventeurs parmi les plus brillants qu’ait jamais connu le continent noir. L’on peut ainsi remarquer que déjà en 1997, le nigérian Ezekiel Izuogu inventait la première voiture made in Nigéria dont la particularité résidait justement dans le fait que «90% des composants avaient été fabriqués localement ».

Mais aujourd’hui, avec l’émergence des TIC dont les jeunes ingénieurs africains essayent de tirer profit au maximum, on parle plus de produits tels que le Cardiopad, une tablette permettant de diagnostiquer des problèmes cardiaques à distance; du Faso soap, un savon anti-moustique mis au point par des burkinabés pour lutter contre le paludisme (qui demeure la première cause de mortalité sur le continent) ; ou de M-PESA une initiative basée sur le Mobile Banking (transfert d’argent et des systèmes de paiement par mobile). Des initiatives qui, pour certaines, viennent s’ajouter à celle présentées par Charlie Fripp dans son article intitulé The five great african tech innovations et bien d’autres encore. Des initiatives dont le succès reste tributaire de nombreux facteurs.

Les limites de l’entrepreneuriat social

 

Si le succès de ces initiatives et surtout leur appropriation par les populations, ne sont pas toujours à la hauteur de leur popularité, c’est qu’il y a une raison. Mieux, des raisons :

- le problème des financements. Car, le génie à lui seul ne suffit pas toujours. Et même si génie est apprécié de tous, encore faudrait-il trouver des investisseurs qui acceptent de miser leur argent sur de tels projets.

- les coûts élevés de certains services/produits. Si l’on s’attarde un instant sur le cas du Cardiopad par exemple, l’on remarque que le prix qui pourrait finalement être fixé à 1 500 euros, reste tout de même très élevé, en comparaison au revenu moyen par habitant d’un pays comme le Cameroun par exemple. Même si, comme le rappelle son inventeur « le prix courant d’un dispositif d’électrocardiographe est de 3800 euros »; et même s'il ne revient pas à un individu, mais plutôt à un acteur de santé, d'acquérir l'appareil.

- le problème de la maitrise de ces technologies par les populations qui parfois ne maitrisent pas le fonctionnement des services et outils qui sont mis à leur disposition. Car dans certains cas, lire attentivement la notice ne suffit pas.

Mais quid de l’éducation dans tout ceci ?

De la place de l’éducation dans l’entrepreneuriat social

 

Le rapport 2007 de l’Enquête sur les TIC et l’éducation en Afrique réalisée par l’ONG Infodev indiquait dans son avant-propos qu’ : « En Afrique, l’utilisation des TICs dans l’éducation se trouve dans une phase particulièrement dynamique, ce qui signifie que chaque jour, il y a de nouveaux développements et déclarations quelque part sur le continent.». Mais l’on est forcer de constater le mariage entre TIC et éducation en Afrique, reste limité à l'utilisation de ressources en ligne. La quasi inexistence d’entreprises sociales proposant des outils et/ou services visant une meilleure intégration des TIC dans les pratiques pédagogique en favorisant par exemple la vulgarisation de ces outils au niveau des élèves, étudiants ou enseignants, déçoit quelque peu. 

On constate néanmoins que les étudiants se sont appropriés les TIC et en font des leviers du changement social. c'est un étudiant qui a inventé le Cardiopad; ce sont deux étudiants qui ont mis au point le Faso Soap. et la plupart des concnours visant à distinguer les web-créateurs africains récompensent des jeunes qui ont d'abord pour objecitf de se rendre utile dans leurs sociétés. C'est la cas par exemple de la rencontre annuelle InnovAfrica, pendant laquelle se déroule le Carrefour des Possibles, qui met en lice 10 projets basés sur les TIC.

Bien que « le secteur des TIC (soit) devenu l'un des grands moteurs de la croissance économique », comme l’affirme Fabrice Molinaro, commentant le rapport 2012 de l’UIT, on regrettera l'absence de projets technologiques éducatifs endogènes. Quand verra t-on un "Carrefour des possibles" cherchant à distinguer exclusivement des projets utiles à l'éducation des enfants et des adultes ?  

Références:

- Mesurer la société de l’Information Rapport 2012 de l’Union Internationale des Télécommunications (UIT). Non daté, consulté le 17 juin 2013

- Desaunay Dominique, Le eLearning Africa 2013, Dimanche 16 juin 2013 http://www.rfi.fr/emission/20130616-elearning-africa-2013

- Ezekiel Izuogu, fiche de présentation sur Kumatoo.com, dernière consultation : Mardi 18 juin 2013 à 11h GMT.

- Essono Louis-Martin, in Cardiopad : agir à temps et à distance pour sauver des vies, 13 février 2012. http://cursus.edu/article/17993/cardiopad-agir-temps-distance-pour-sauver/

- Diallo Langke, in Entrepreneuriat social: 2 étudiants africains récompensés pour avoir inventé un savon anti-palu, 23 avril 2013. http://www.nextafrique.com/innovation/bio-medical/2412-entrepreneuriat-social-2-etudiants-africains-recompenses-pour-avoir-invente-un-savon-anti-palu

- Muliro Arthur, in  Le succès rencontré au Kenya par le service de mobile banking M-PESA est-il reproductible dans d’autres pays ? Rapport d'étude publié le 30 mars 2012 http://envoidargent.solidairesdumonde.org/archive/2012/03/30/le-succes-rencontre-au-kenya-par-le-service-de-mobile-bankin.html#more

-  Fripp Charlie, in The five great african tech innovations, 28 avril 2013. http://www.itnewsafrica.com/2013/04/five-great-african-tech-innovations/?buffer_share=a8eea

- Ntchoum JP, in CardioPad – La tablette Camerounaise marque une nouvelle ère pour les soins cardiaques, 25 mars 2013. http://www.lecongolais.cd/cardiopad-la-tablette-camerounaise-marque-une-nouvelle-ere-pour-les-soins-cardiaques/#ixzz2WZHo3h6I

- Enquête sur les TICS et l’éducation en Afrique, Rapport 2007 de l’Information For Development Program. www.infoDev.org

- Molinaro Fabrice, in Un rapport pour « Mesurer la société de l’information », 08 novembre 2012. http://www.les-infostrateges.com/actu/12111528/un-rapport-pour-mesurer-la-societe-de-linformation

Illustration : Senam Beheton et Verone Mankou, inventeurs de la première tablette conçue en Afrique. cc licensed ( BY NC SA ) flickr photo shared by Wayan Vota


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