Le livre numérique est-il bon pour l'environnement ?

En Afrique, où le problème de manuels et des ouvrages didactiques se pose avec acuité, il existe une tentation de se tourner vers les supports de lecture numérique en raison de la baisse des prix annoncée, ce qui aura évidemment pour conséquence de démocratiser ces derniers comme ce fut le cas pour les téléphones portables. Déjà, des initiatives ont vu le jour et vont dans ce sens.

Nous nous faisions ici même l'écho de celle de Worldreader qui en plus de mettre les livres numériques à portée de téléphone, distribuent aussi des tablettes dans les écoles. Mais il y a aussi l'opération Une tablette pour chaque étudiant (One Tablet Per Student), le pendant naturel de One Laptop Per Child, qui se met progressivement en place dans des pays comme le Bénin, le Burkina Faso et le Sénégal entre autres.

Alors que ces choix stratégiques sont en train d'être opérés, il n'est pas superflu de s'interroger sur leurs conséquences environnementales. Autrement dit, quel peut être l'impact écologique de la préférence accordée aux tablettes ? Question à laquelle on pourra répondre par un bilan carbone comparé du livre papier - pris comme un support de lecture - d'une part, et, d'autre part, les liseuses et tablettes. Helen Tomlisson s'essaie à tout le moins à cet exercice dans un article paru dans "Le Monde du Livre" du portail Hypothèses.

Analyse du cycle de vie

D'entrée de jeu, il faut noter que ce bilan écologique est difficile à réaliser, dans la mesure où si l'on connaît les composantes qui entrent dans la production du livre papier, on en sait moins sur la fabrication des supports de lecture numériques. Néanmoins, en partant de l'analyse du cycle de vie de ces deux produits, une comparaison est possible.

"En se basant sur un seuil de basculement de 40 à 60 livres papier, il faudrait donc entre deux ans et demi et quatre ans pour qu’un lecteur moyen lise assez d’eBooks pour rendre sa liseuse ou tablette performante d’un point de vue écologique". Le seuil de basculement étant le nombre d'ouvrages qu'il faut lire sur un support électronique pour que celui-ci devienne compétitif, écologiquement parlant. En revanche, un livre papier peut avoir une durée de vie de plusieurs décennies.

Si l'on sait, selon certaines études, que les utilisateurs renouvellent leurs téléphones tous les dix-huit mois et leurs ordinateurs portables tous les trois à quatre ans, il est à craindre que les supports de lecture électronique ne soient remplacés avant ou juste après le seuil de basculement atteint, ce qui remettrait en question leur "performance écologique". Ce qui n'est pas le cas des livres papier qu'on continue d'utiliser même si une nouvelle édition est disponible.

Ceci dit, en comparant les matières premières qui entrent dans la fabrication du livre papier et des liseuses ou tablettes, il est clair que chacun de ces supports impacte à des degrés non négligeables l'environnement. Préférer l'un à l'autre pour des raisons écologiques ne serait qu'un leurre. Il importe de militer plutôt pour des pratiques éco-responsables : 

• Recycler le livre papier et s'en servir dans l'édition
• Gaspiller moins de ressources en produisant juste le nécessaire
• Assurer la traçabilité dans le processus de fabrication.

RÉFÉRENCES

Guemadji-Gbedemah, Tété Enyon. "Des livres à portée de téléphone pour les pays en développement." Thot Cursus. 29 mai 2013. http://cursus.edu/dossiers-articles/articles/20232/des-livres-portee-telephone-pour-les/.

Tomlinson, Helen. "Le numérique et le papier : le bilan écologique de nos supports de lecture" Monde du Livre, Hypothèses. 20 février 2013. http://mondedulivre.hypotheses.org/1175.

Vaufrey, Christine. "Les tablettes à bas prix arrivent. Partout." Thot Cursus. 26 mars 2012. http://cursus.edu/dossiers-articles/articles/18143/les-tablettes-bas-prix-arrivent-partout/.

Photo : MegMoggington via photopin cc

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