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Publié le 03 juin 2013 Mis à jour le 04 octobre 2023

Skeuomorphisme et signification dans les interfaces des plates-formes e-learning

Communiquer le message clairement et plus simplement.

On ne confond pas souvent la poubelle avec le contenant à recyclage, mais ça peut arriver s’ils se ressemblent trop. Dans le monde virtuel où le moindre bouton peut entraîner une action plus compliquée que son intitulé ne laissait prévoir, on a tout intérêt à bien différencier les fonctions.

À la glorieuse époque des commandes codées du genre «call init» ou «c://», l’arrivée des symboles et des métaphores fut un véritable soulagement; le «skeuomorphisme» (skeu, ornement et morph, forme) reprenait du service.  

Skeuomorphisme

Ce concept est né des relations entre les technologies et les coutumes : une technologie est adoptée, des pratiques et des traditions se développent autour d’elle, des objets la caractérisent et puis une autre technologie la remplace mais sa forme fait partie de la culture, alors la nouvelle technologie adopte une forme ou une décoration qui l’identifie avec sa fonction ancienne mais qui n’a rien à voir avec son fonctionnement actuel.

Ainsi on a des boutons décoratifs sur des vêtements qui se ferment avec une fermeture éclair ou du velcro. On a aussi sur nos écrans une poubelle, un enveloppe de courrier, un micro, des dossiers et toutes sortes d’objets virtuels qui nous rappellent les concepts associés à leurs fonctions.  Ainsi à la place de «delete folder» ou «print file» une image de poubelle ou d’imprimante communique le message aussi clairement et plus simplement.

Mais avec la complexification des sites et la richesse des fonctions, le nombre de symboles devient problématique et leur interprétation souvent déroutante.  Il suffit de passer d’un logiciel, d’un appareil ou d’un système d’opération à un autre pour parfois entrer en confusion. Imaginez maintenant une personne âgée ou un nouvel immigré devant des métaphores qui n’ont aucune résonance chez lui et vous comprendrez les limites de la pratique. On se sent ainsi parfois devant les symboles des logiciels complexes de graphisme ou d’édition.

Ainsi on revient aux fondamentaux : l’accessibilité, la facilité d’utilisation, la simplicité. On utilise des référents culturels là où nous en avons besoin. Ici un symbole suffit, là il est plus facile d’utiliser une métaphore et ses relations intuitives ou un simple intitulé comme «Copier».

Et en éducation ?

En faisant une tournée des plates-formes e-learning, on constate une grande variété de design mais certains choix semblent plus populaires.

Quelques plates-formes emploient des métaphores étendues, de la table d’étude en passant par la classe ou le laboratoire jusqu’au campus avec sa bibliothèque, salle de conférence, café, etc. alors que d’autres demeurent d’une aridité fonctionnelle extrême : dossier et arborescence où tout est d’égale valeur et importance.

La métaphore ne remplace pas la réalité et surtout n’est pas universelle.  Elle convient souvent pour des généralités et à l’accueil, mais dès que l’on en vient à des fonctions plus spécialisées, originales ou peu fréquentes, elle est abandonnée au profit d’icônes et d’intitulés, ce que choisissent la plupart des plates-formes.

Celles qui utilisent les icônes les présentent et les expliquent habituellement dans le menu de départ et, plus on avance, plus on se réfère à l’icône uniquement. Le skeuomorphisme n’est utilisé qu’à de rares occasions (studio d’enregistrement, prise de notes...).  On demeure dans le symbolisme le plus souvent.

Avec les simulateurs ou sur Second Life, comme avec le cabinet de dentiste dans l’univers de Dental Life, la métaphore est poussée à l’extrême; il ne s’agit plus de skeuomorphisme mais bien de la reproduction la plus réaliste possible des fonctions des objets.

Le dosage de l’effort du design


Dans des environnements complexes et en évolution, l’utilisation du skeuomorphisme et de la métaphore demande beaucoup d’efforts et surtout est affreusement limitative quand il s’agit d’ajouter une fonction qui n’a pas d’équivalent dans la métaphore choisie, sous peine de tomber dans l’incohérence.

De plus, il existe peu de référents qui soient universellement partagés et applicables à toutes les disciplines, ce à quoi sont soumises la plupart des plates-formes.

Alors on préfère mettre plus d’efforts sur l’ergonomie et l’esthétique que sur la «décoration», sauf quand il s’agit de rendre réaliste une application de simulation ou d’aller chercher une émotion.  Il est quand même plus intéressant de transiger des actions en bourse dans un environnement qui ressemble à la bourse et à son effervescence ou de participer à un débat dans une salle animée.


Références

Skeuomorphisme contre flat design : un débat qui n’a pas lieu d’être - Anthony Nelzin dans Macg - mai 2013
http://www.macg.co/unes/voir/132067/

Exemple d’application «Flat design» :  Soulver : http://www.acqualia.com/soulver/

Répertoire des plates-formes e-learning - Thot Cursus
http://cursus.edu/institutions-formations-ressources/formation/13486/plates-formes-learning-formation-2012/

Dental Life - http://www.dentallife.fr/

Simulateurs - Thot Cursus


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