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Publié le 07 mai 2013 Mis à jour le 07 mai 2013

L'appel du ventre

L'existence de ce que les scientifiques n'hésitent pas à appeler un deuxième cerveau est avérée et ce vaste réseau neuronal se situe dans notre ventre.

 Le ventre, ce deuxième cerveau

Il y a une dizaine d’années, Pierre Palardy, ostéopathe et diététicien auteur de plusieurs best –sellers titrait un de ses ouvrages « Et si ça venait du ventre ? » Il associait nombre de problèmes de santé tel que la fatigue chronique, la dépression, l’insomnie, les maux de dos, les troubles sexuels et autres, à la mauvaise santé du ventre.  Se référant aux recherches scientifiques du temps, il confirmait que notre ventre abrite 80% des cellules immunitaires, ainsi qu’un réseau de neurotransmetteurs en liaison directe avec le cerveau.

En février 2013, L'agence Sciences-Presse (Québec) publiait un article de Danny Raymond intitulé: « Un cerveau dans vos entrailles ». Le système nerveux entérique qui, de l’œsophage à l’anus, relie 500 millions de neurones sur 9 mètres, est désormais considéré par la science comme notre deuxième cerveau. 

Une nouvelle discipline est née, la neuro-gastro-entérologie. En 2012, France Info avait réalisé une courte entrevue avec  le directeur  de l’unité 913 de l’INSERM Michel Neunlist qui présentait  cette nouvelle discipline, reliant les neurosciences et la gastro-entérologie.

Un peu de neuro-gastro-entérologie…

Cette nouvelle réalité scientifique confirme l’importance de régulation des fonctions complexes de l’absorption des nutriments et de protection contre les facteurs environnementaux  toxiques. Avec toutes les communications et les échanges entre les bactéries et les neurones et le rôle de transmission des acides gras, cette « usine du ventre » défend  la survie de notre organisme contre les mauvaises bactéries et les virus.

Dans l'interview audio citée plus haut, M. Neunlist explique que: « Les neurones intestinaux sont issus de la même plaque neurale embryonnaire que les neurones cérébraux qui forment le tube neural et la tête. Mais eux colonisent le tube digestif du haut vers le bas, jusqu'à sept semaines de grossesse. Ils se connectent ensuite pour former les réseaux, sans autre structure, tout comme l'encéphale». L'unité INSERM de Nantes se penche notamment sur la maladie de Parkinson. On a découvert que le patient atteint de cette maladie présentait  les mêmes lésions dans le système nerveux entérique que dans le système nerveux central. Cette découverte ouvre la porte à un diagnostic précoce et au développement de diverses approches  thérapeutiques entre autres nutrionnelles afin d’améliorer la fonction digestive.

Antidépresseur ou chocolat?

Cette discipline furnit également des éléments d'explication sur nos comportements les plus simples (et les plus fâcheux). Qui, pour une supposée baisse d’énergie n’a pas ouvert la porte de son garde-manger pour engloutir toute une barre de chocolat ou vider un sac de croustilles? Nos rages de gloutonnerie semblent trouver une nouvelle explication… scientifique!

Cette confirmation de l’existence de ce deuxième cerveau donne en effet un nouvel éclairage. Les neurones du  système nerveux entérique produisent autant de dopamine, cette hormone du bonheur, que le cerveau. Il sécrète aussi 95% de sérotonine du corps, impliquée directement dans les déséquilibres psychologique provoquant stress, anxiété et phobies.

Lorsque le chocolat fond sur votre palais, la communication entre votre ventre et votre cerveau, via les cellules de votre intestin, envoie un message de bonheur. De quoi déverser une part de notre culpabilité sur nos cellules intestinales...

Par ailleurs, on apprend aussi que le stress provoque la production d’une hormone appelée ghréline par le système digestif, hormone qui module anxiété et dépression.  

Faut-il remplacer l'expression populaire "Tout ça, c'est dans la tête" par "Je n'ai pas digéré ce qu'il m'a dit" ou "Cet événement m'est resté sur l'estomac" ? Les sensations physiques qui ont donné lieu à la création de ces phrases se voient confirmées par la science, ce qui est plutôt rassurant sur notre capacité à analyser nos ressentis !

RÉFÉRENCES :

Raymond, Danny. "Un cerveau dans vos entrailles" Agence Science-Presse. 15 février 2013. http://www.sciencepresse.qc.ca/blogue/2013/02/15/cerveau-vos-entrailles.

France Info. "Le ventre : notre deuxième cerveau." 11 juin 2012. http://www.franceinfo.fr/sciences-sante/info-sciences/le-ventre-notre-deuxieme-cerveau-640405-2012-06-11.640405-2012-06-11.

Illustration : Ohmega 1982, Shutterstock.com


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