Vous n'ignorez sans nul doute la formule de Karl Jaspers qui porte sur une discipline mais qui peut bien être généralisée : "Faire de la philosophie, c’est être en route ; les questions en philosophie sont plus essentielles que les réponses".
Le caractère essentiel du questionnement est attesté par ce que l'on entend souvent dans les salles de classe. Des profs répétant à l'envi qu'il n'y a pas de questions bêtes pour inciter les élèves à en poser. Encore faut-il savoir poser les questions et les bonnes lorsqu'on est dans une démarche d'apprentissage.
Questionner intelligemment
A cet exercice, beaucoup échouent si l'on en croit le texte d'Eric S. Raymond : De la bonne manière de poser les questions (Ou comment poser les questions de façon intelligente).
En plus d'être une charte d'utilisation des forums de discussions en ligne, ce texte est un précieux guide pour apprendre en communautés. On y apprend qu'avant de poser une question dans une communauté d'apprentissage, il faut avoir essayer de trouver soi-même la réponse par d'autres moyens. Le recours à la communauté ne devant être qu'un moyen ultime quand on a cherché sur le web, dans des manuels, dans des foires aux questions, par inspection et par expérimentation, ou recouru à des amis.
Puis le document ci-dessus mentionné dresse une liste de conseils à suivre pour rechercher de l'aide auprès d'une communauté :
- Choisir le bon forum ou utiliser une liste de diffusion appropriée
- Utiliser des sujets explicites et adaptés
- Ecrire dans un langage clair
- Faire attention aux fautes de grammaire et d'orthographe
- Décrire le problème
- etc.
Questionnement en apprentissage
Le moins qu'on puisse dire est que le questionnement est tout un art. Socrate (encore une référence philosophique !), faut-il le rappeler, en est passé maître. Et toute personne peut aspirer à cet art pour peu qu'il s'y mette. D'où l'intérêt de la ressource mise à disposition des enseignants par la Fédéfoc (Fédération de l'Enseignement Fondamental Catholique). Questionner un texte, ça s'apprend vise à donner aux enseignants les outils pour animer l'activité de lecture et de littérature.
Il y a des questions pertinentes et d'autres qui ne le sont pas. Mais il y a différents types de questions : des questions ouvertes et fermées, des questions pour inférer, notamment. Ces types de question et leurs déclinaisons sont utilisés pour permettre la compréhension des textes lus.
Les enseignants peuvent avec d'autres questions mener conduire les élèves à approfondir cette compréhension. A cet effet, les questions peuvent servir à recentrer, à encadrer, à clarifier, à vérifier, à appuyer et à rediriger.
Mieux, l'enseignant ne doit pas être la seule personne qui pose des questions en classe autour du texte. Les élèves doivent être encouragés à en faire autant. Pourquoi pas, instituer le questionnement réciproque qui consiste pour l'élève à poser une question après la lecture d'un paragraphe, puis l'enseignant en pose une et ainsi de suite.
Eu égard à ce qui précède, il est clair que le questionnement est important en enseignement tout comme en apprentissage. On n'apprend mieux lorsqu'on sait interroger et s'interroger. Et l'on enseigne mieux lorsqu'on maîtrise l'art de faire accoucher la connaissance par le questionnement. Les enseignants influents, pour paraphraser Jocelyne Giasson, sont ceux qui mènent les élèves vers des processus d'un haut niveau par des questions de clarification et d'extension.
De la bonne manière de poser les questions (Ou comment poser les questions de façon intelligente).
Questionner un texte, ça s'apprend. « Apprendre à lire entre les lignes » - Cellule outils Fédéfoc – juin 2004
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