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Publié le 15 avril 2013 Mis à jour le 15 avril 2013

Bibliothèques : vers une mutuelle «Netflix» de la création

La numérisation des livres et oeuvres culturelles transforme les fonctions des bibliothèques.

La bibliothèque, le «lieu des livres», se métamorphose en «lieu de culture».

Fonctions classiques en perte de vitesse

La numérisation des livres et oeuvres imprimées décuple l’accessibilité des documents au point de rendre la visite à la bibliothèque souvent inutile s’il s’agit de seulement d’accéder à un ouvrage. L’espace dédié à la conservation et à la gestion de plusieurs exemplaires identiques est de plus en plus réorienté vers d’autres usages.  Par exemple la Soquij offre l’accessibilité à 50 ans de jusrisprudence dans un but à la fois social et économique; comme celle-ci, bien d’autres bibliothèques font exploser les limites à leur accès à des niveaux inimaginables il y a 30 ans.

La numérisation rend caduc l’essentiel de la fonction de conservation physique; on préservera toujours les vieux originaux mais pour le reste, dans la plupart des cas, conserver quelques exemplaires sur support matériel au niveau national suffit; le nuage des serveurs et supports électroniques populaires (liseuses, pods divers, disque durs, imprimantes, etc.) produisent à des nombres astronomiques les copies sous plusieurs formes et formats.

Dans une mer de contenus qui enfle année après année, les fonctions d’indexation et de classement prenaient de l’importance jusqu’à récemment, mais s'amenuisent graduellement avec les progrès de l’informatique sémantique : il suffira bientôt de bien formuler sa requête pour obtenir directement ce que l’on veut; de plus l’indexation normalisée est de plus en plus intégrée dès le départ aux oeuvres par le biais des métadonnées.

Fonctions sociales actualisées

Les premières bibliothèques de l’antiquité avaient des fonctions liées à l’organisation sociale, au gouvernement et à la politique. Les bibliothèques n’ont perdu ces fonctions à aucun moment et elles les auront encore pour longtemps apparemment. Aujourd’hui les bibliothèques publiques s’inscrivent clairement dans les politiques culturelles et bien des bibliothèques spécialisées ou privées poursuivent des buts politiques, économiques ou religieux.

Les bibliothèques produisent des curations, des expositions, des répertoires et bien d’autres synthèses; elles invitent des conférenciers, des auteurs et organisent nombre d’ateliers sur ce qu’elles valorisent selon leurs objectifs. Ce peut être aussi bien de viser la popularité que de répondre aux interrogations du moment ou encore de faire avancer une cause, un débat. Du succès, de l’utilité ou de l’effet de leurs productions dépend leur financement et leur survie.

Justement, si la numérisation fait en théorie diminuer la fréquentation, l’élément «animation» la fait augmenter et on observe le développement de ces activités. Les fonctions politiques et sociales des bibliothèques reviennent au premier plan : une société choisit de financer ce qui favorise la diffusion de la connaissance et de la culture et qui supporte une industrie culturelle socialement constructive.

La mutualisation sociale de la culture

Une «mutuelle» est un «organisme qui poursuit un but non lucratif et qui mène, dans l'intérêt de ses membres, des actions de prévoyance, de solidarité et d'entraide».  Ce qui peut assez bien s’appliquer à la bibliothèque.

Les achats et les activités des bibliothèques, qu’ils soient de produits physiques comme des livres, ou bien des licences d’accès ou des oeuvres numériques, sont faits dans l’intérêt des membres et aident au maintient d’une industrie de la création. Elles contribuent à la promotion des idées et des créations essentielles à une société résiliente, en dehors de l’accès aux «best sellers».  

Le problème du prêt des oeuvres numériques est bien réel et constitue à la fois un défi technique devant la diversité des supports et un défi administratif. Mais il devient évident que les bibliothèques sont en voie de devenir une forme de «NetFlix»  des produits culturels et à ce titre représentent un instrument d’intervention culturelle de premier plan.

Lire : Les licences de livres électroniques compliquent les prêts entre bibliothèques dans Affaires universitaires.

Photo : Adam Radosavljevic - Shutterstock


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