Face à la surabondance de l'information sur le web où l'internaute est à la fois et avec plus ou moins de bonheur consommateur, créateur et organisateur de ressources, comment trier/sélectionner, catégoriser et mettre en valeur selon les besoins individuels, socio-professionnels ou communautaires, mettre à disposition/partager/discuter la masse infinie de données disponibles ? La veille documentaire sur le web assurée à tous les niveaux s'avère impérative mais reste insuffisante à plus d'un égard et depuis 2008 un nouveau concept s'est imposé pour optimiser notre gestion de l'information : la curation.
Dans le cadre du 5 à 7 de l'ADBS, l'association des professionnels de l'information et de la documentation, Christophe Deschamps, consultant-formateur en veille et intelligence économique, fait le point sur le concept de curation dans une présentation vidéo (accompagnée d'un slideshare) : Vous avez dit curation? Définition, historique des pratiques, outils et usages?
A proprement parler, la curation consiste à sélectionner, éditorialiser et partager du contenu; c'est aussi un ensemble de pratiques et une gamme d'outils destinés à des opérations de republication sur le web.
Comment fonctionne la curation
Christophe Deschamps travaille essentiellement avec les entreprises. Il considère que les RSE, réseaux sociaux d'entreprise, qui utilisent des outils permettant la veille collaborative comme Diigo ou Delicious sont déjà dans la logique de la curation. Qu'elle soit initiée par des individus, des groupes ou des communautés, on commence à parler de curation à partir du moment où la sélection est centrée sur les personnes expertes dans leurs domaines plutôt que sur les sites ou documents car les spécialistes misent sur la qualité et non la quantité. Grâce aux outils sociaux qui permettent de commenter, suivre et être suivi par des "amis" ou followers, on installe une logique de démultiplication par rediffusion en boucle. Chaque item peut donner lieu à un mini forum donc il y a un enrichissement du contenu, une capture et un réinvestissement de l'informel.
On en arrive ainsi à une caractéristique primordiale de la curation qui est l'éditorialisation : mettre un contenu en avant, le commenter, l'enrichir, le mettre en focus, y mettre son empreinte et surtout le faire découvrir aux autres et le voir à travers leur prisme à votre tour. Actuellement, les outils de curation sont nombreux, ils peuvent être couplés à des réseaux sociaux comme facebook ou Twitter. Que choisir d'autant que, passé l'effet de mode, on ne sait pas lesquels seront pérennes ?
Une panoplie d'outils selon les besoins en curation
Le conférencier présente une douzaine de solutions grand public gratuits pour la plupart, sélectionnés selon 32 critères de "bonne" curation : BagTheWeb, Delicious, Diigo, Flipboard, Memolane, Paper.li, Pearltrees, Pinterest, Scoop.it, Searcheeze, Searchteam, Storify.
Il n'y a pas d'outil idéal; tout dépend des besoins en curation : est-ce qu'on souhaite sélectionner des fichiers au format image ou vidéo ? Est-ce qu'on opère une recherche en équipe ? Souhaite t-on des fonctions de communication synchrone ? Les combinaisons de critères sont infinies.
Le bon vieux veilleur va-t-il disparaitre pour autant ? Pas du tout ! Chacun a sa place pour débroussailler le web. Si le veilleur obéit à un plan de veille et doit justifier ses choix par rapport à ses commanditaires, le curateur, lui, suit ses propres inclinations légitimées par son expertise reconnue dans son domaine. La veille formelle et classique se nourrit de la veille informelle, l'internet et l'intranet des entreprises peuvent se côtoyer sur scoop it par exemple de sorte qu'il y a conjugaison des investigations et évaluations pour le bien de la documentation.
Vous avez dit curation? Définition, historique des pratiques, outils et usages?, Christophe Deschamps, mardi 13 mars 2012
Illustration : Angela Waye/shutterstock.com
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