Apprendre à nager, à piloter ou à embrasser peuvent toutes se faire sur simulateur. D’ailleurs, la personne la plus embrassée au monde, Resusci Anne, est un mannequin servant à l’entraînement de secourisme pour le bouche-à-bouche.
Mais dans ces trois cas, que ce soit sur simulateur, dans un monde virtuel 3D, par un mannequin ou même avec un vrai professeur, c’est l’engagement affectif qui déterminera la valeur de l’expérience.
Si on risque de se noyer, de s’écraser ou de ruiner ses chances, curieusement le caractère «réel» de l’expérience prend de l’importance. On peut renverser la perspective et observer que ce même caractère «réel» de l’expérience ne dépend pas du virtuel ou du concret mais bien de l’affect qui lui est lié : pour une personne âgée ou un immigrant qui n’a jamais touché à un ordinateur, sa première séance sur Internet constitue une réelle expérience, tout comme le joueur en ligne qui parie une fortune sur des cartes virtuelles ou un chirurgien qui contrôle un robot à 7 000 km de là. La distance n’a pas autant à voir que le contexte et la valeur des liens.
Même le cours d'initiation à l’escalade peut se faire sur simulateur ou à distance, mais rien ne remplacera l’engagement émotif sur la paroi rugueuse où du vrai sang et des vrais ongles se mélangeront à la poussière.
Tout ce qui peut être créé peut être enseigné à distance; nous sommes seulement limités par notre imagination et quelques contraintes mécaniques. On parvient même à recréer des contextes affectifs. Sous peu on commercialisera des robots d’assistance pour personnes âgées qui pourront être contrôlés à distance. Qui dit que l’opérateur ne se liera pas avec ses patients ? Que pourra t’il ne pas enseigner ?
On peut même imaginer qu’embrasser un androïde contrôlé à distance par l’être aimé puisse être un ersatz acceptable...
Alors, pas de limites. On peut tout enseigner à distance.
Photo: Chris & Jessica Engagement - Auzigog - Foter
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