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Publié le 19 mars 2013 Mis à jour le 19 mars 2013

Rencontre au musée : "Le travail sur le web, un éternel recommencement"

Entrevue avec Valérie Sirard, responsable de la promotion et du web au Musée d'art contemporain de Montréal.

Capture d'écran de la page Facebook du MACM

Comment un musée opère t-il sa mue numérique, sans perdre son âme et ses visiteurs ?

Pour le savoir, nous avons rencontré Valérie Sirard, responsable de la promotion et du Web au Musée d'art contemporain de Montréal.

Quel parcours vous a menée à être responsable de la promotion et du web au MACM ?

C'est ma formation première en communication et un intérêt réel pour le message, pour les publics et pour la manière de livrer les messages qui m'ont tout naturellement amenée au travail avec le web et les médias sociaux au Musée. Ma deuxième formation en histoire m'a surtout appris le souci de la justesse des faits et la rigueur, dont on a tout autant besoin en histoire de l'art.

J'ai été embauchée au secteur de la promotion en 2007 et je ne consacrais à ce moment-là que deux après-midis par semaine à promouvoir les nouvelles expositions sur le site Internet. On en était déjà à la deuxième version du site et le musée était également présent sur MySpace que fournissait en contenus l'agence chargée de l'aspect visuel des Vendredis nocturnes.

Nous avons ouvert une page Facebook, en 2008, puis une chaîne Youtube, sur laquelle nous avons déposé des entrevues avec certains artistes présents dans les expositions. Les médias sociaux n'ont d'abord suscité qu'un intérêt mitigé au sein de l'institution malgré le fait qu'on en soupçonnait l'importance ; la demande était que je m'y investisse s'il me restait du temps.

En 2011, le site web a été refait et j'ai dû poursuivre, en accéléré, mon autoformation sur tout ce qui concerne internet, afin de mener à bien la refonte. Ce travail est un éternel renouvellement auquel je consacre de trois à quatre jours par semaine : à peine deux ans plus tard, nous avons déjà refait des parties importantes du site, notamment pour parfaire les liens entre les différentes plateformes des médias sociaux où nous sommes présents (Twitter, Pinterest, Google +, ...).

Comment se déroule la participation du personnel du musée pour la création et la planification des contenus ?

Je souhaiterais qu'on puisse donner à voir au public du MAC, par exemple en amont d'une exposition, des photographies de la visite d'un atelier d'artiste avec un commissaire ou des images de la participation d'un artiste à l'installation de ses oeuvres par les techniciens du musée. Le personnel est en période d'adaptation face aux nouveaux outils et la participation des membres du personnel est en train de se construire. Les employés apprennent à apprivoiser les nouveaux médias et certains d'entre eux  -tout comme certains artistes, d'ailleurs- ont des réticences, bien compréhensibles, à y voir leur travail exposé ; il faut évidemment les respecter.

De son côté, la direction reconnaît tout à fait que le temps de travail se transforme ainsi que l'importance des nouveaux outils de médiation, notamment en me fournissant les appareils nécessaires au travail sur les différentes plateformes et en permettant une souplesse dans l'organisation de mon horaire de travail. J'ai récemment été appelée à photographier et à filmer la Nuit blanche,  le musée étant ouvert jusqu'au petit matin à cette occasion, puis à en rendre compte sur les réseaux. Si je reçois un tweet sur le téléphone portable du musée le samedi matin, je n'attend habituellement pas au lundi pour répondre.

Projets de collaboration

Les médias numériques nous permettent d'engager le dialogue avec le public sur des pratiques qui peuvent les étonner. Par exemple, nous sommes en train de monter un projet de présence sur le web en collaboration avec le journal culturel Voir.

Des institutions culturelles montréalaises (L'Opéra de Montréal, le Musée des beaux-arts de Montréal et le MACM) vont alimenter leur blogue sur le site du journal. Nous espérons attirer ainsi de nouveaux publics au musée et provoquer la conversation avec eux.

Le premier billet du MAC traitera de la prochaine exposition de Tino Sehgal au MACM, un artiste dont les contrats avec les musées sont des ententes verbales devant notaire, sans rien d'écrit. Les photographies sont interdites pendant les performances de ses oeuvres, des chorégraphies et des discussions avec le public qui ont lieu dans les salles d'exposition. Cette façon de faire singulière (et qui donnera sans doute des cauchemars aux archivistes et aux conservateurs du musée,ndlr) sera donc discutée en ligne avec les lecteurs de Voir lors de la publication du billet.

Quelle stratégie numérique pour le MACM ?

Cette politique est en pleine construction. Nous réfléchissons par exemple à l'articulation entre médias sociaux et activités du musée : faut-il tout annoncer ? Un membre du personnel me demandait récemment pourquoi un événement au musée ne s'était pas retrouvé sur notre page Facebook, autre signe que les médias sociaux ont doucement pris leur place au musée. Les raisons de cette omission ont surtout rapport à la somme de travail que supposerait de couvrir tous les événements qui se tiennent au musée. Les expositions temporaires se renouvellent aux trois mois et je suis encore seule à assurer la présence du musée sur les plateformes sociales. Nous sommes actifs sur les réseaux sociaux, mais, pour l'instant du moins, il n'y a pas de politique interne déterminant quels événements doivent y être annoncés.

La question des droits d'auteur en art contemporain

La présence du musée et de ses collections sur les médias sociaux est encore complexifiée par le fait que la reproduction des oeuvres contemporaines engendre des frais importants en droits d'auteur. Par exemple, on doit défrayer les coûts pour les droits des photographies des oeuvres qu'on place sur le site Internet, ces droits étant valides pour une période de cinq ans seulement. Si on voulait photographier ou filmer les oeuvres de nos collections pour les insérer au contenu des différentes plateformes (site web, Youtube, Pinterest, et autres), cela supposerait d'engager des ressources financières faramineuses. Devrait-il y avoir des exceptions, quant aux droits, pour les institutions dont le mandat est essentiellement éducatif et non lucratif ? Cette question pourrait faire partie de la discussion et de la réflexion qui mènerait à la formulation d'une stratégie numérique institutionnelle au MACM.

Pour le moment, et toujours en regard des ressources disponibles (je suis seule dans mon équipe !), des droits à assurer et du désir de participer des artistes et des membres du personnel du musée, la planification de notre présence web et la création des contenus se réalise selon la priorité du moment, en faisant les meilleurs choix possibles parmi nos multiples activités et en suivant l'actualité de notre programmation fréquemment renouvelée.  

Musée d'art contemporain de Montréal : http://www.macm.org/


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