Celle ou celui qui se forme à distance le fait pour diverses raisons. Cela peut être pour compléter sa formation en cours, en amorcer une en parallèle à sa vie professionnelle ou simplement pour le plaisir d'apprendre.
Mais s'il est smple de s'inscire à une formation en ligne, il ne l'est pas autant de la mener jusqu'au bout. Seul chez lui à devoir effectuer travaux et lectures sans supervision, l'étudiant risque bien de décrocher. Que ce soit à cause de distractions, de problèmes personnels ou d'un sentiment de solitude, l'étudiant à distance peut vite fermer les livres.
Les intervenants ont donc une importance capitale dans la formation en ligne. Car ce n'est pas parce qu'on ne les voit pas qu'on ne peut pas encadrer les étudiants. Le REFAD a récemment réalisé une table d'échanges sur cette question : faut-il former mieux ou davantage les intervenants pour éviter des abandons dans la formation à distance?
4 postes d'accompagnement
Qu'entendons-nous par intervenants? S. Côté, qui a animé cette table d'échanges, en distingue quatre catégories : le service d'accueil, le spécialiste de contenu, le concepteur de cours et le tuteur. Ils doivent tous accompagner l'étudiant dans sa formation.
Commençons par les personnes qui accueillent les apprenants au début de leur formation. L'accueil peut sembler être un élément mineur, sans lien avec la persévérance de l'apprenant. Ce serait oublier que notre première impression a une influence forte sur notre perception d'une personne ou d'une institution. L'étudiant saura qu'il sera appuyé durant sa formation si, dès le départ, des personnes lui font connaître l'offre de formation, répondent à ses interrogations et l'aident dans la procédure d'inscription. Pourtant, cet accompagnement-là n'est pas toujours offert. Combien d'établissements de FAD proposent encore des processus d'inscription sans qu'il soit possible de parler ou d'écrire à qui que ce soit ! L'étudiant expérimenté dans la formation à distance s'en sortira bien, mais le nouvel arrivant risque de se sentir perdu et délaissé. Il faut donc créer, dès le départ, des contacts chaleureux avec les apprenants.
Les professeurs et experts (spécialistes de contenu) dans une matière possèdent des connaissances formidables qui peuvent alimenter les concepteurs de cours. Or, s'ils maîtrisent la pédagogie présentielle, ils sont souvent ignorants des méthodes d'enseignement en ligne. Contrairement à ce qui se passe dans une salle de classe, en formation à distance il n'y est pas possible de réajuster son cours selon les réactions des étudiants. La tâche du spécialiste est donc de formuler les contenus et de les organiser intelligemment pour qu'ils soient facilement adaptables par le concepteur de cours à distance (scénariste pédagogique).
Si l'expert symbolise à lui seul le contenu de la formation, le concepteur de cours va mettre en place la courroie de transmission entre le contenu et l'étudiant. Un poste primordial puisqu'il lui faudra contextualiser la formation, développer des activités de compréhension et d'évaluation et s'assurer que le plan de cours soit motivant pour l'apprenant. Il doit valoriser l'expertise et le point de vue du spécialiste et les transposer dans le matériel pédagogique. Il doit aussi être en mesure de se mettre à la place de celui qui apprend pour vérifier la pertinence des ressources créées.
Enfin, le tuteur est celui qui accompagne l'apprenant. Il doit donc, d'abord et avant tout, disposer d'une forte empathie, répondre aux inquiétudes des étudiants, leur indiquer les objectifs du cours et leur proposer des stratégies d'apprentissage. Comme le souligne le document de S. Côté, il a idéalement « suivi » le cours avant pour en comprendre chaque étape. Tout comme le service d'accueil, il doit assurer à l'étudiant que ses demandes sont entendues. D'ailleurs, à la réception d'un courriel, S. Côté conseille d'immédiatement envoyer une réponse pour signifier que la personne a bien reçu la requête et qu'elle y répondra dans les plus brefs délais.
Sur le terrain
Ce compte-rendu qui résume, dès la page 8, les discussions après la présentation de Mme Côté est très éclairant sur la réalité de la FAD. Dans les premiers échanges, certains participants s'interrogent sur la nécessité d'un aussi grand nombre d'intervenants. Après tout, il y a des fonctions plus cruciales que d'autres, non? Pourtant, dans le paragraphe suivant, on affirme l'importance de ne pas réserver la formation aux seuls concepteurs de cours et tuteurs, mais de le dispenser aussi au personnel administratif.
On apprend aussi que la démotivation arrive beaucoup plus vite qu'on pourrait le croire. Un participant explique qu'il suffit de sites Internet mal organisés, sur lesquels il est difficile de trouver de l'information ou de réponses pas assez rapides à leurs demandes (par téléphone ou Internet) pour que les étudiants décrochent. Et il n'est pas simple de faire coller le dispositif d'accompagnement personnalisé adapté à la réalité des participants. En effet, si les tuteurs sont globalement disponibles du lundi au vendredi entre 8h et 16h, cela ne correspond pas aux besoins de bien des apprenants qui étudient le soir et les week-ends. À une époque où les budgets sont serrés, des services d'accompagnement 24h/24 ne peuvent exister. Par contre, une piste de solution envisageable serait la collaboration entre pairs par l'entremise de blogues ou d'un réseau social.
Enfin, si tous les organismes proposant de la formation à distance souhaitent former davantage ses acteurs, quelques-uns de leurs représentants estiment que les étudiants doivent eux aussi se préparer à ce type d'apprentissage. Le représentant du réseau des commissions scolaires du Québec, par exemple, a analysés les retours sur les expériences de FAD dans 46 commissions scolaires : « nos services sont bien implantés, mais il y a quelque chose au niveau des apprenants qui fait que certains concepts sont moins bien cernés, soit au niveau du sens qu’on donne à son propre apprentissage, soit au niveau du renversement des rôles des tuteurs et des enseignants pour ce qui est de l’accompagnement. »
Ainsi, avant de se lancer dans la FAD, il faut que tous – y compris les étudiants – soient conscients des particularités de ce mode de distribution de la formation et de l'importance de rester en contact, même à distance.
« La formation des intervenants en FAD peut-elle jouer un rôle dans la persévérance des étudiants? », Sylvie Côté pour le REFAD, février 2013
Crédit image : Oko Laa, shutterstock
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