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Publié le 10 mars 2013 Mis à jour le 10 mars 2013

Enseigner à un grand groupe sans endormir personne

Comment s'assurer d'un enseignement productif dans un auditorium plein? En faisant participer les auditeurs.

Les amphis universitaires comptent plusieurs centaines de places. Tout enseignant ou chargé de cours a donc en tête cette question : comment ne pas endormir les étudiants avec mon enseignement ? La question est d'autant plus difficile en 2013 que les cours magistraux n'ont pas beaucoup la cote dans les médias. Même à Thot Cursus, il nous arrive parfois de casser du sucre sur le dos de cette méthode pédagogique, même si, selon notre bonne habitude, nous nous faisons aussi l'écho de méthodes visant à l'améliorer. Car nous ne "détestons" pas le cours magistral, nous avons juste envie de le dynamiser. Surtout lorsqu'on réalise que voici plus de 30 ans, des études soulignaient déjà que l'attention des étudiants est bien plus courte qu'on ne pourrait le croire. Quand on sait que l'esprit des étudiants vagabonde après 25 minutes, on ne peut plus faire comme si ils allaient être attentifs pendant une heure ou deux.

Une préoccupation ancienne

 

Évidemment, les bonnes idées pour dynamiser un cours universitaire ne datent pas d'hier. Déjà dans les années 90, il était proposé aux enseignants de toujours créer des interactions avec les apprenants. Dans cette liste de 20 astuces pour améliorer les cours magistraux, figuraient différents éléments qu'on retrouve encore dans la littérature actuelle. Par exemple, l'usage des questions. Que ce soit au début, pendant ou à la fin des cours, les questions semblent être la solution miracle pour sortir les étudiants de leur torpeur et les obliger à ses prononcer sur ce qu'ils ont appris. Mais hélas, si vous avez déjà expérimenté cette méthode, vous savez qu'elle n'a rien de miraculeux, et que la centaine d'étudiants endormis n'hésiteront pas à vous laisser répondre vous-même à une question à laquelle ils n'éprouvent aucune envie de s'intéresser... 

Une autre idée forte de cette liste consiste à diversifier les modes de présentation des contenus, par exemple en demandant aux étudiants de faire des présentations sur un sujet ou en les impliquant dans des jeux de rôles. Il ne faudrait pas non plus hésiter à inviter les apprenants à remettre en cause (dans le respect, il va sans dire) certaines notions abordées durant le semestre afin de susciter des échanges tout aussi formateur que le cours magistral. D'ailleurs, les débats sont souvent vus comme un excellent moyen de dynamiser un grand groupe.

Mais les limites de toutes ces astuces sont connues : comme le rappelle ce document du Bureau d'appui pédagogique de l'école polytechnique de Montréal (en PDF), ce sont en règle générale toujours les mêmes qui participent à ce type d'activité. Ainsi, dans les grands groupes, quelques personnes extraverties et intéressées sortiront du lot et parleront beaucoup pendant que les autres étudiants resteront passifs.

Adapter les méthodes aux objectifs d'apprentissage poursuivis

 

Alors, comment augmenter le nombre d'étudiants actifs ? Il existe de nombreuses suggestions autant dans le document de l'école polytechnique que dans celui-ci créé en 2011 par Amaury Daele et Emmanuel Sylvestre pour dynamiser les groupes.

Par exemple, pour confronter les points de vue, on peut opter pour ces techniques :

  • Penser-comparer-partager : Chaque étudiant répond individuellement à une question posée par le professeur. Par la suite, il partage ses réponses avec son voisin ou en petit groupe. Enfin, les groupes divulguent le fruit de leur concertation à l'ensemble de la classe.
  • L'aquarium : Un groupe de 6 à 15 individus va débattre d'une notion présentée dans le cours. Autour des participants, des observateurs écoutent le débat. Si l'un d'entre eux veut participer à la discussion, il peut échanger sa place avec l'un des débatteurs. À la fin, tous font un débriefing sur ce qui s'est dit, qu'auraient-ils dit dans cet échange, etc. Dans de grands groupes, il vaut mieux mettre en place plusieurs aquariums.

 

Pour créer une cohésion entre les étudiants, il existe des techniques comme celle du puzzle, très semblable au fonctionnement des classes en puzzle dont nous vous parlions tout récemment. L'enseignant peut aussi créer des « syndicats », c'est-à-dire des groupes de travail qui vont se pencher sur diverses questions et soumettre leur point de vue par écrit ou oralement. Enfin, il peut aussi proposer des séances où les étudiants partagent leurs notes prises durant le cours.

Pour évaluer la compréhension des apprenants, rien de mieux qu'un questionnaire en milieu de classe pour dégourdir les neurones des étudiants, que ce soit en utilisant un télévoteur ou en répondant par écrit ou oralement à des questions intégrées dans un diaporama. Une autre suggestion est de poser à la fin de chaque cours une question sur le sujet abordé. Les étudiants y répondent anonymement par écrit. Au cours suivant, le professeur peut revenir sur les incompréhensions qu'il a notées en lisant les réponses.

Finalement, le choix des méthodes pédagogiques dépendent de l'objectif poursuivi par l'enseignant. S'il s'agit de transmettre beaucoup de contenu en peu de temps, l'enseignement magistral reste pertinent, s'il est accompagné d'activités d'évaluation à chaud comme les questionnaires. En revanche, si l'enseignant souhaite que les apprenants analysent ou débattent de notions vues en cours, il vaut mieux prévoir un cours où la priorité sera accordée aux discussions plénières ou en petits groupes.

Au fait, qu'est-ce qu'ils attendent, les étudiants ?

 

Il y a une suggestion dans le document de Daele et Sylvestre qui pourrait être une alliée de taille pour les professeurs et chargées de cours. En effet, il est proposé en début de semestre de demander aux étudiants de remplir une carte en exprimant, entre autres choses, les attentes et les questions qu'ils ont par rapport au cours. Ainsi, l'enseignant peut prendre le pouls de son groupe et ajuster son enseignement en conséquence.

Ainsi, enseigner à 100 ou 500 personnes n'est pas nécessairement plus difficile que de le faire avec un groupe de 10 ou 50 individus. Il suffit d'être bien au clair sur les objectifs poursuivis et de mettre cartes sur table avec les étudiants sur le type d'enseignement afin qu'ils sachent ce à quoi ils auront droit durant le semestre. Et surtout, ne pas oublier de ponctuer les parties magistrales de pauses ou d'activités en lien avec ce qui a été dit auparavant. Il ne faut pas oublier ce chiffre magique: 25 minutes de concentration seulement.

Kozanitis A. : Activités pour encourager l'apprentissage actif durant les cours. Bureau d'appui pédagogique, Ecole Polytechnique de Montréal, 17 pages, non daté.

« Enseigner à un grand groupe », Pédagogie universitaire – Enseigner et Apprendre en Enseignement Supérieur, 4 novembre 2011

Crédit image: Oshchepkov Dmitry, shutterstock.com


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